Deuxième week-end de mars, il ne fait pas vraiment froid mais on ne peut pas dire qu’on est mécontent de se retrouver devant un feu de cheminée. Bien qu’hypnotisée par les flammes et dissipée par le bois qui crépite, notre attention va vite se concentrer sur les morceaux du songwriter parisien, accompagné de Corentin Hamon et Sebastian Beaudreaux.
Baptiste W. Hamon nous parle du titre Hervé
« C’est la première chanson que j’ai écrite en français, lorsque j’ai décidé de me lancer dans ce nouveau projet au printemps 2011. Hervé, c’est l’histoire du type qui a fait tout plein d’études et qui part bosser en costard tous les matins à la Défense, ou dans n’importe quel bureau parfois un peu affamant, mais qui rêve d’un destin plus large. Il ne sait pas trop, il se barrerait bien à l’autre bout du monde pour vivre un peu, à errer parmi les lieux qui occupent ses rêves, l’Amérique, il trouverait bien un coin d’amour, il prendrait bien le temps pour tout ça, mais le poids des choses de la société est trop grand pour lui. Alors il dit ses rêves tout haut, pour essayer un peu d’y croire, mais il est vite rembarré par ses potes qui le moquent, qui disent que ce sont là des problèmes bien bourgeois qu’il évoque, qu’il est un peu naïf, qu’il faut bien s’adapter au monde, qu’il faut grandir, voilà tout.
Hervé, il est un peu comme tout le monde, il a des rêves, et il aimerait bien que la société lui permette d’accomplir un petit bout de ces rêves là, que le système lui laisse du temps. Il n’est pas politique, Hervé, il comprend juste pas qu’on puisse passer 10 heures par jour au bureau et dans le métro, dans les cantoches tristes en bas des tours, alors qu’il y a tous ces livres à la maison, tous ces gens dehors à rencontrer. La vie file trop vite, il n’en comprend plus le sens. La machine est trop forte pour lui, et lui, avec sa bonne petite éducation, il n’ose pas tout lâcher, il n’ose pas être punk et partir malgré tout là où ses rêves le dirigent. Alors il saute. Ultime pied de nez à la société, il saute. Il ne s’attendait peut-être pas à cela, mais il est heureux de sauter. L’accomplissement, à défaut d’avoir essayé de s’accrocher un peu plus longtemps (mais pour quels résultats ?), il le trouve finalement dans la chute.
Hervé, c’est l’histoire romancée de tous ces gens qui aimeraient un peu de temps pour vivre, qui aimeraient qu’on laisse un peu la place à la réalisation de soi en dehors des cadres d’un travail aux finalités parfois difficiles à cerner. Hervé, c’est lui, c’est elle, c’est une partie de chacun de nous, de moi certainement. »
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