Au musée Carnavalet, le Paris d’Agnès Varda

Au musée Carnavalet, le Paris d’Agnès Varda

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Au musée Carnavalet, le Paris d’Agnès Varda

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Au musée Carnavalet, le Paris d’Agnès Varda

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8 avril 2025

L'exposition Le Paris d'Agnès Varda, de-ci, de-là au musée Carnavalet célèbre la photographe-cinéaste Agnès Varda et son Paris éclectique jusqu'au 24 août 2025.

Agnès Varda, c’est une petite taille et l’immuabilité d’une coupe au bol. De l’humour, aussi : « On disait monter à Paris comme si la France était verticale », souligne-t-elle, alors qu’à bord d’un bateau de plaisance, elle remonte la Seine comme elle remonte le cours de sa vie dans Les plages d’Agnès (2008), son documentaire autobiographique. Car son œuvre, protéiforme, profondément féministe, est l’une des seule à passer, en totale liberté et en faisant fi des hiérarchies, de la photographie au cinéma, du long au court métrage, du documentaire à la fiction. La constante, c’est le mélange des genres : légèreté et noirceur, humour et étrangeté.

« Je n’habite pas Paris, j’habite Paris 14e », précisait-elle souvent, non sans malice. En 1951, elle emménage dans une arrière-cour du quartier des artistes de la rue Daguerre. Tour à tour maison, boîte de production, studio photo ou de montage, le lieu sera celui de sa vie. « Tu vas vraiment vivre dans cette écurie ?! » s’exclame son père, en voyant la turne sise entre Montparnasse et Denfert-Rochereau — Denfer pour « enfer », car Varda aimait à jouer avec les noms des stations de métro parisiennes dans son carnet de notes pour le court-métrage Christmas Carole (1966).

Affiche de l'exposition Le Paris d’Agnès Varda, de-ci, de-là au musée Carnavalet

L’exposition, plutôt brève, alterne extraits de films et photographies, des portraits pour la plupart – 130 tirages, dont des inédits.  Au début des années 1950, elle travaille main dans la main avec Jean Vilar, alors directeur du Festival d’Avignon. Pour lui, elle photographie les artistes du Théâtre National de Paris (TNP) dans un Paris devenu terrain de jeux et de calembours. Et c’est ainsi que Fellini se retrouve immortalisé, le nez en l’air, dans les éboulis des anciennes fortifications de la porte de Vanves. On passe ensuite à la vérité brute des visages abîmés de ces habitués du marché de la rue Mouffetard, quartier alors très pauvre, puis à un extrait de son film Cléo de 5 à 7 (1962), qui reste un sommet : la déambulation d’une femme dans Paris, dont la peur du cancer se superpose à celle, sourde, de la grande ville. C’est Paris filmé à hauteur d’angoisse.

Le Paris sillonné par Varda, c’est un Paris discret, presque caché. Un Paris qui ne saute pas aux yeux, invisible aux badauds pressés. Un Paris éclectique, aussi : « Il m’est naturel d’aller de-ci, de-là, de dire quelque chose puis le contraire, et de me sentir moins piégée parce que je ne choisis pas une seule version des choses. », disait-elle pour illustrer sa démarche artistique.

En bonus, joyeux et inattendu :  dix scènes marquantes de la vie de Varda par l’illustratrice Pénélope Bagieu. C’est vif, drôle, et juste.

Le Paris d’Agnès Varda, de ci, de-là, c’est du mardi au dimanche de 10h à 18h, jusqu’au 24 août 2025. L’occasion de pousser de nouveau les portes du musée Carnavalet, petit bijou de l’histoire parisienne. Niché au cœur du Marais, Carnavalet mêle reconstitutions historiques, objets intimes, salles d’époque, enseignes anciennes… Un musée qui raconte Paris de l’intérieur, à la croisée des siècles, des rues et des regards. Quel meilleur lieu pour accueillir Varda, celle qui a su filmer et photographier la ville comme personne ?

Infos pratiques :

Exposition Le Paris d’Agnès Varda, de-ci, de-là
Du 09 avril 2025 au 24 août 2025
Musée Carnavalet
23 rue Madame de Sévigné
75003 Paris

Plein tarif : 15 €
Tarif réduit : 13 €
Réductions et gratuités

Horaires
Ouverture du mardi au dimanche de 10h à 18h.
Fermeture le lundi et certains jours fériés.