En se penchant sur l’univers de Batman, Christopher Nolan avait choisi de se détourner de l’aspect comics pour tirer l’homme chauve-souris vers un certain réalisme et davantage de noirceur, tout en adoptant des codes du film noir. Il a ainsi su concilier le cahier des charges du blockbuster (scènes d’actions, effets spéciaux et pyrotechniques, grand spectacle…) et auteurisme (la porosité des frontières entre le bien et le mal, par exemple, est l’une des marottes du réalisateur de Memento). Les « Batfans » les plus orthodoxes n’ont pas forcément apprécié ce parti pris, il n’empêche, Christopher Nolan boucle parfaitement la boucle et signe une trilogie parfaitement cohérente.
The Dark Knight Rises n’est pas exempt de défauts – les incohérences scénaristiques sont nombreuses – , et n’atteint pas l’intensité du précédent volet (The Dark Knight – Le Chevalier noir), malgré un final vibrionnant. Cependant, les 2h40, jalonnées de séquences à couper le souffle, passent sans qu’on les voie filer et, surtout, Nolan sait contourner et déjouer les attentes du public. C’est ainsi, par exemple, que, l’on retrouve un Bruce Wayne rouillé et cabossé, loin d’être triomphant.
Dans la première partie du film, Bane –le super-méchant joué par Tom Hardy qui n’arrive malheureusement pas à la cheville du Joker d’Heath Ledger – et Catwoman (très convaincante Anne Hathaway) mènent la danse pour mieux retarder l’entrée en scène de Batman. Christopher Nolan met, avec brio, un point final à son aventure avec le justicier masqué. Mais certains spectateurs ne pourront s’empêcher de tenter d’y voir plutôt des points de suspension, ou une nouvelle parenthèse prête à s’ouvrir.
> The Dark Knight Rises réalisé par Christopher Nolan, 2011, Etats-Unis/Grande-Bretagne (2h44)