Il y a un peu plus de cinquante ans, au milieu de nulle part, naissait une ville futuriste, Brasilia. C’est l’épopée que constitue la naissance de cette nouvelle ville que retrace « Brasilia : un demi-siècle de la capitale du Brésil », jusqu’au 30 juin à Paris. L’exposition, présentée pour la première fois il y a 3 ans pour fêter le cinquantième anniversaire de la ville dessinée par Oscar Niemeyer, se tient au siège du Parti communiste à Paris, une autre œuvre de l’architecte brésilien.
Si Brasilia a été inaugurée le 21 avril 1960, l’idée de transférer la capitale (précédemment à Rio de Janeiro) vers le centre du pays faisait son chemin depuis deux siècles. L’exposition montre d’ailleurs des carnets de notes et relevés topographiques ayant appartenu aux explorateurs de la mission Cruls, menée à partir de 1862 par l’astronome et ingénieur Luiz Cruls vers le Planalto Central.
Objectif : délimiter le quadrilatère qui accueillerait la future capitale, au milieu du pays. « A l’époque, les Brésiliens habitaient surtout sur les côtes. La grande idée, poussée par le président Juscelino Kubitaschek (élu en 1956, NDLR) était d’avancer à l’intérieur des terres pour développer l’économie et moderniser le Brésil, en étant plus près des autres régions, en les reliant à la capitale par des autoroutes et en poussant ainsi l’industrie automobile », explique Danielle Athayde, commissaire de l’exposition.
« De ce Planalto Central, de cette solitude qui sera bientôt le cœur d’où partiront les décisions nationales les plus importantes, je tourne mon regard une fois de plus vers l’avenir de mon pays et je pressens cette aurore avec une foi inébranlable et une confiance sans limite dans la grandeur de son destin », écrit Juscelino Kubitaschek dans le livre d’or de la future ville lors de son premier voyage à Brasilia, en 1956. On peut aujourd’hui la lire, gravée sur la Place des Trois Pouvoirs.
La ville moderne imaginée par Oscar Niemeyer avec l’urbaniste Lucio Costa, le paysagiste Roberto Burle Marx et le sculpteur et peintre Athos Bulcao se veut révolutionnaire, avec des immeubles innovants, sur pilotis pour faciliter la circulation. L’équipe trace de grands axes routiers sans feux, et sans trottoirs. Le plan-pilote de la ville a une forme d’avion et les quartiers résidentiels, prévus pour être auto-suffisants, comptent des écoles, centres commerciaux et des parcs. « On dit d’ailleurs qu’il y a plus d’arbres que d’habitants à Brasilia », commente Danielle Athayde. « Tout est pensé comme un ensemble, le lien entre urbanisme et architecture pour créer une grande harmonie ».
Parmi les principaux monuments de Brasilia, on retiendra notamment le Parlement avec ses deux demi-sphères inversées, le Planato, siège de la présidence, dont les colonnes recouvertes de marbre blanc soutiennent un large toit en béton, et la cathédrale supportée par 16 piliers de bétons, comme autant de bras tendus vers le ciel. On reconnaît les courbes « libres et sensuelles » chères à Oscar Niemeyer, qui aimait, a propos de son œuvre, parler de « la courbe que l’on rencontre dans les montagnes de mon pays, dans les cours sinueux de ses fleuves, dans les nuages au ciel, dans le corps de la femme aimée. Tout l’univers est fait de courbes ».
Brasilia : un demi-siècle de la capitale du Brésil.
Siège du Parti Communiste français – espace Oscar Niemeyer. 2 place du Colonel Fabien, 75019 Paris.
Du 26 avril au 30 juin 2013 – Entrée gratuite. Du lundi au samedi de 10h à 18h (sauf samedi 25 mai), les dimanches 28 avril et 2 juin de 10h à 18h. Fermé les jours fériés.
> Article initialement publié le 29 avril 2013.