byNWR.com et TOTDY : la révolution numérique de Nicolas Winding Refn

byNWR.com et TOTDY : la révolution numérique de Nicolas Winding Refn

byNWR.com et TOTDY : la révolution numérique de Nicolas Winding Refn

byNWR.com et TOTDY : la révolution numérique de Nicolas Winding Refn

Au cinéma le

De passage à Paris, Nicolas Winding Refn s'est installé à la Cinémathèque française le temps d'un week-end. L'occasion pour le réalisateur de Drive et The Neon Demon d'échanger sur ses nouveaux projets : Too Old To Die Young, une série pour Amazon, et byNWR.com, sa plateforme de streaming — mais pas seulement — qui possède désormais une version française.

Parrain de l’édition 2019 du festival Toute la mémoire du monde qui s’est déroulé du 13 au 17 mars à la Cinémathèque française, le réalisateur Nicolas Winding Refn a profité de l’évènement pour inaugurer officiellement en France byNWR.com, sa plateforme de streaming lors d’une nuit spéciale présentant aux cinéphiles franciliens quelques films de la sélection. Deux jours avant cet évènement, le distributeur The Jokers organisait une rencontre en petit comité avec le cinéaste danois dans une salle de projection de la Cinémathèque à quelques mètres de sa librairie. Un échange qui a permis d’en savoir plus sur sa plateforme de streaming aux grandes ambitions, sa série Too Old To Die Young dont une bande annonce — désormais en ligne — a été dévoilée et sa vision sur l’avenir du cinéma.

Et si je prenais tout ça et que je le donnais gratuitement ?

byNWR, streaming et plus si affinités

Lancée officiellement en France il y a quelques jours, la plateforme de streaming byNWR.com existe en langue anglaise depuis juillet 2018. Née de la passion du cinéaste pour ce qui est rare, oublié ou tout simplement inconnu, byNWR.com compte offrir une nouvelle vie à des films intéressants, influents ou encore extrêmes. Selon le site, les « volumes trimestriels » thématiques sont « divisés en trois chapitres mensuels » contenant chacun un film entièrement restauré. L’idée du site a germé dans l’esprit de Nicolas Winding Refn il y a trois ans. Il était alors entre différents projets et par conséquent « particulièrement anxieux » selon son propre aveu. Alerté par un journaliste qu’une compagnie vendait ses films, le réalisateur a sauté sur l’occasion.

Après s’être procuré la liste des films — il n’en connaissait aucun —, le cinéaste a demandé de l’aide à l’un des fondateurs des fanzines underground sur le cinéma qui s’est enthousiasmé devant certains titres et lui a conseillé quelques acquisitions. Le réalisateur de Drive (2011) a acheté environ 80 films, puis d’autres et s’est ensuite demandé ce qu’il allait bien pouvoir en faire. « Et si je prenais tout ça et que je le donnais gratuitement, comme une sorte de manifeste ? » s’est-il demandé. « En offrant tout ça gratuitement tu contournes le jugement et les opinions. [Le contenu] est là pour inspirer les gens » précise Nicolas Winding Refn qui a de grandes ambitions pour byNWR.com. Site de streaming, évidemment, la plateforme est également « un site culturel, musical, politique, un site de potins et sur tout ce qui touche à la créativité. Tout réuni en une seule chose » affirme son créateur.

Capture d'écran du site byNWR.com

La curation est une partie importante de l’expérience humaine.

La gratuité comme manifeste politique

Véritable forum, byNWR.com est alimenté par des rédacteurs en chef invités, comme dans un magazine. Chaque mois, ces invités ont un budget pour créer du contenu original autour d’un film. Le cinéaste n’aime pas les sites de streaming où, selon lui, l’utilisateur passe son temps à chercher ce qu’il veut regarder en zappant un peu partout pour, au final, regarder peu de choses en entier. Pour éviter ce comportement de consommateur compulsif, un seul film est proposé chaque mois sur la plateforme car pour le cinéaste « la curation est une partie importante de l’expérience humaine » et tout cela en accès libre — à condition de créer un compte sur le site — car « la gratuité est une forme de monnaie sur Internet. »

Cette volonté de mettre le contenu du site gratuitement en ligne est une sorte de « manifeste politique » pour le réalisateur qui déplore l’accès à la culture : « un des gros problèmes dans le monde c’est qu’on n’enseigne pas tellement la culture aux plus jeunes. Le système scolaire, dans beaucoup de pays, pense que la culture est insignifiante. » Et de préciser : « la plupart des compagnies de streaming sont celles qui ont rendu [la culture] insignifiante et sans valeur parce qu’au final toutes ces sociétés s’intéressent au profit et à l’information [terme probablement utilisé ici au sens de données]. Et la plupart des choses qu’elles produisent c’est de la merde de toute façon. » Un avis plutôt définitif qui devrait ravir Amazon, diffuseur de sa série.

Pour financer le projet, Nicolas Winding Refn paie tout de sa poche en réalisant des publicités. Il espère que byNWR.com pourra inspirer des personnes comme il l’a été lorsqu’il avait 14 ans « assis dans un cinéma à New-York en train de regarder Massacre à la tronçonneuse (1974) en pensant +putain c’est ce film qui est de l’art pas la Nouvelle Vague française !+ » Après la France, byNWR.com va continuer à s’ouvrir au monde avec une version italienne, allemande, espagnole, chinoise ou encore japonaise…

Poster pour le site byNWR.com

La télévision est morte mais le streaming c’est vivant.

Too Old To Die Young, NWR en série

Nicolas Winding Refn s’est également — un peu — confié sur Too Old To Die Young sa nouvelle série dont une première véritable bande annonce a été diffusée lors du week-end. Des informations qui ne dévoilent en rien le scénario de la série car le cinéaste a catégoriquement refusé d’en dire plus sur l’histoire. On sait juste qu’il s’agit de la face cachée de la criminalité à Los Angeles dépeinte à travers le quotidien de tueurs souhaitant devenir des samouraïs. Un point de départ plutôt prometteur. Considérant que « la télévision est morte mais le streaming c’est vivant », le réalisateur avait envie de se frotter à cette « nouvelle toile » qu’est la série diffusée sur une plateforme de streaming.

Nicolas Winding Refn n’a pas eu de mal à trouver preneur pour sa série qu’il a envisagé comme un long film : dix épisodes de 1h30 chacun. Les responsables d’Amazon — qui ont distribué The Neon Demon (2016) [lire notre chronique] aux États-Unis — ont sauté sur l’occasion lorsqu’ils ont appris que le cinéaste préparait une série. « On va le faire. Quand pouvez-vous la livrer ? » a été la réaction fébrile du dirigeant, toujours à la recherche de contenu pour alimenter sa plateforme.

Pour ce nouveau projet, le cinéaste garde la main sur l’aspect créatif, même si le budget est plus impressionnant que pour un long métrage : « J’ai toujours eu le contrôle créatif absolu pour mes films et j’avais peur de ne pas l’avoir pour quelque chose de si important. J’ai l’habitude de travailler avec des budgets de 1 à 5 millions de dollars, là c’était 16 millions de dollars. » Une seule pression venant d’Amazon : la deadline, une véritable obsession pour la plateforme. « Plus important que ce que je faisais, la question était quand j’allais pouvoir livrer la série » confie Nicolas Winding Refn.

Nicolas Winding Refn invité du Club Jokers à la Cinémathèque française - © photo Citazine

Cette série, c’est moi réagissant à Trump devenant président.

Série multi-supports

Sans donner plus de précision sur l’intrigue, le cinéaste s’est livré sur les circonstances de sa création : « nous l’avons écrite et tournée alors que Trump devenait président et j’ai filmé en ordre chronologique donc [cette série] c’est moi réagissant à Trump devenant président. On réécrivait chaque jour, je changeais des choses tout le temps. » Pour cette série, le réalisateur a fait appel à Miles Teller, révélé dans Whiplash (2014) [lire notre chronique]. Un choix que le réalisateur explique en louant le jeu de l’acteur « de plus en plus intéressant » avec le temps, comme Mads Mikkelsen précise-t-il.

Le cinéaste a pris en compte le fait que la série sera regardée — essentiellement ? — sur des écrans de tablettes, voire de smartphones. Une réalité qui ne semble pas le gêner plus que ça :  » il faut s’ouvrir à la vision sur smartphone qui deviendra peut-être 99% de l’expérience de visionnage, ça ne va pas changer. Il faut accepter la coexistence des deux : le contenu doit pouvoir être vu sur smartphone avec des écouteurs comme dans un cinéma. Choisir un de ces formats, c’est perdre. »

Dix mois de tournage et trois mois de production ont été nécessaires pour finaliser la série qui n’aura pas, a priori, de suite. « La saison 2 ne fait que répéter la première saison la plupart du temps mais on ne sait jamais » prévient le cinéaste. Too Old To Die Young n’a pas encore de date de diffusion, encore un peu de patience pour découvrir si l’univers du réalisateur s’adapte harmonieusement en format série.

Mise à jour de l’article le 4 avril 2019 : ajout de la bande annonce officielle de la série Too Old To Die Young qui avait été dévoilée en exclusivité à la Cinémathèque française.

Date de sortie
Durée
Réalisé par
Avec
Pays