M’essayer, c’est m’adopter !
« Joshua n’avait rien à raconter. Eux, à l’inverse, parlaient pour ne rien dire, ce qui revenait au même ».
Dans la province de Saint-Helen, où les perspectives d’avenir sont aussi asséchées que l’air, le petit Joshua et ses compagnons d’infortune, parqués dans l’agence de la redoutable Mme Baker, espèrent que leurs futurs parents seront des gens bien. Ils feraient tout pour leur plaire. Mais les adultes ne font que décevoir.
« La voix de la solitude, aussi, qui lui répète qu’il est temps d’adopter. Que vont-ils devenir, sinon, avec Philip ? Peut-on vraiment finir sa vie à deux ? L’ennui les guette déjà. Il s’invite parfois à table, fait du bruit en mangeant et se glisse volontiers dans leurs dimanches qui s’éternisent ».
Adopter pour tromper l’ennui ? Cohabiter avec un étranger ? Dans l’adoption, il y a parfois des questions qui fâchent. Des questions que Des gens bien soulève.
Des gens bien, une dystopie ? Le pitch n’est pas si loin de la réalité : aux États-Unis, les parents en mal d’adoption peuvent « essayer » les enfants avant de les réinjecter dans le système d’adoption.
Des gens bien de Caroline Michel se lit vite, et ne laisse pas un souvenir impérissable. Une maladresse de style par-ci : « ces clichés lui en mettaient plein les mirettes » p.15 ; par-là une faute de syntaxe qui saute aux yeux : « ils ne les aiment plus », p.214. On peut reconnaître à Caroline Michel une belle palette de personnages dont la médiocrité et les maladresses ont le mérite de faire sourire. Quelques relents de Kerouac, aussi, dans l’ode à l’amitié et à la liberté qui est dressée.