Chiens des Ozarks : chienne de vie et rafale de haines

Chiens des Ozarks : chienne de vie et rafale de haines

Chiens des Ozarks : chienne de vie et rafale de haines

Chiens des Ozarks : chienne de vie et rafale de haines
Rentrée janvier 2025
  • 17 mars 2025

    Jusqu'où sommes-nous capables d'aller pour protéger ceux que nous aimons ? C’est exactement là que se situe le commencement du terrible. Eli Cranor, nouvelle voix du roman noir venu des USA, est enfin traduit en France. Grand bien nous fasse : son Chiens des Ozarks est une claque magistrale.

    À Taggard, Arkansas, bourgade paumée du Deep South américain aux relents de consanguinité mortifère, Jérémiah, ancien vétéran du Vietnam, élève seul sa petite fille Jo dans sa casse automobile transformée en citadelle imprenable. Non loin de là, les Ledfords, suprémacistes blancs en fin de course, ont une dette de sang à régler. Une vieille histoire, mais aurait-on oublié que le désir de vengeance traverse les années sans jamais s’épuiser ? Une nuit et Jo disparaît… une nuit et tout se précipite.

    Chômage, drogue, racisme, violence : Eli Cranor lie les plaies persistantes de l’Amérique éternelle au poids du fardeau familial, ce boomerang qui vous colle à la peau et finit par vous fracasser la tête. Un vieil homme chenu qui en a encore à revendre, des dealers de meth membres du Ku Klux Klan qui frayent avec des Chicanos aux dents en or : Chiens des Ozarks trimballe son lot de cadavres et de durs à cuire qui dégainent façon western dans une colère aussi rouge qu’un bain de sang. Il y a ce que l’homme est capable de faire pour venger ses morts ou sauver les siens. Ce qui rend la confrontation inéluctable et la rédemption impossible, à l’image de personnages capables de brûler jusqu’en Enfer.

    Eli Cranor, trentenaire aux yeux bleus et à la barbe rousse de hipster, a une mine de gentil garçon. Pour sûr, on lui donnerait le bon Dieu sans confession. Mais l’habit n’a jamais fait l’écrivain, et ça défouraille à tout va dans ce territoire de forêts et de falaises accidentées des monts Ozarks. Face à l’ensauvagement de la nature et des hommes, reste-t-il une échappatoire ?

    L’écriture est âpre, resserrée jusqu’au dernier souffle, et le lecteur scotché à son fauteuil. Il y a chez Eli Crannor, qui s’inscrit dans la droite ligne d’un S.A Cosby, une intensité qui rappelle le Billy Summers de Stephen King. Chiens des Ozarks, plein d’amour et de fureur, est une prouesse du genre.

    Chiens des Ozarks de Eli Crannor

    304 pages
    Date de publication
    9 janvier 2025
    Éditeur
    Sonatine
    Page du livre sur le site de l’éditeur