Magnifique Cœur noir, ou que faire de l’irréparable

Magnifique Cœur noir, ou que faire de l’irréparable

Magnifique Cœur noir, ou que faire de l’irréparable

Magnifique Cœur noir, ou que faire de l’irréparable

2 février 2025

« Tant que tu es vivant, tu dois ». Elle est rongée par une faute passée, il a subi l’irréparable. Vivre et avancer alors qu’à l’intérieur on est presque mort, à quoi bon ? Servi par une prose âpre, Cœur noir, cinquième roman de Silvia Avallone, parle d’une quête qui semble impossible, celle du deuil et du pardon.

C’est un jour comme un autre, mais voilà qu’Emilia débarque à Sassaia, au cœur des montagnes de la vallée du Cervo, non loin de la frontière française, dans la maison de feu la Iole. Par la fenêtre d’en face, Bruno, le maître d’école du village, épie son installation. Que peut-on venir faire dans ce hameau rustre et hors du temps, seulement accessible par un sentier pédestre ? Sassaia, comme les personnages qui l’habitent, se terre au plus profond du monde. Là où la solitude est un caveau. S’y réfugient ceux qui portent en eux une noirceur inaltérable, ceux dont le cœur est si consumé qu’ils sont comme presque morts. Emilia, qui a commis le mal et ne sait pas encore comment vivre avec, cherche une ligne de fuite. Seul fantôme des décombres de ce qui fut une famille heureuse, Bruno n’est que perte et un deuil impossible. « C’est toujours l’adolescence qui décide de qui vous êtes », et la leur a été dévastée.

Se battre pour s’attacher à la vie, même après l’irréparable

Les éclopés se reconnaissent, les corps se plaisent, s’accrochent et se déchaînent, mais il semble que les abîmes soient trop dissemblables pour que l’amour y survive. Peut-on rompre avec le passé et repartir de zéro ? Fuir son propre mal ou celui qu’on a fait ? Si le pardon total ne peut exister, comment ne pas laisser la faute poser le dernier mot sur une vie ?

Illusoire quand la fuite ne garantit ni l’oubli ni la rédemption. Ici, le mal est une bête sauvage tapie dans les ténèbres, prête à retrouver sa proie aussi loin qu’elle aille, et même à Sassaia, où la rousse Emilia est l’intruse, la sorcière de la vallée qui a envoûté le placide instituteur. Mais il y a aussi ces statues, défigurées par le temps, que le taiseux Basilio, le peintre du village, répare minutieusement pour les faire passer de l’ombre à la lumière.

Cœur noir, une « quête d’amitié, d’amour et de pardon »

Un roman qui frôle le 5/5 à cause de quelques longueurs, mais que je conseille !

C’est finalement la maison d’édition italienne de Silvia Avallone, Rizzoli, qui décrit son dernier roman avec le plus de justesse : Cœur noir est une  «quête d’amitié, d’amour et de pardon». À 25 ans à peine, Silvia Avallone avait rencontré un beau succès avec son premier roman, D’acier, traduit dans une douzaine de pays et adapté au cinéma. Sa littérature parle de liberté et d’émancipation. La liberté, ne serait-ce pas accepter une bonne fois pour toutes qu’il n’y a jamais de retour en arrière ?

Couverture du livre Cœur noir de Silvia Avallone

Cœur noir de Silvia Avallone

448 pages
Date de publication
6 février 2025
Éditeur
Liana Lévi
Page du livre sur le site de l’éditeur