Max (Louis C.K.), jeune Jack Russell new-yorkais, mène une vie paisible dont la principale occupation quotidienne est d’attendre toute la journée devant la porte de l’appartement que sa maîtresse, la douce Katie (Ellie Kemper), revienne du travail. Le délicat équilibre de sa vie de chien fidèle vole en éclats lorsque Duke (Eric Stonestreet), un imposant chien marron, est adopté par Katie. Contrarié de devoir partager son espace et sa maîtresse avec le nouveau venu, le terrier décide de se débarrasser de l’énorme boule de poil.
Malheureusement, le plan de Max ne se déroule pas comme prévu et les deux chiens se retrouvent entraînés dans un périple plein de dangers, très loin de leur foyer. Menés par la coquette Gidget (Jenny Slate), les amis à quatre — ou deux — pattes de Max partent à sa recherche à travers les rues et les égouts de New-York.
Animaux rigolos et références à gogo
Pour ce nouveau long métrage d’animation, le studio Illumination qui a créé les Minions — personnages jaune citron aussi limités qu’un presse-agrumes — prouve une nouvelle fois qu’il possède un certain savoir faire dans les personnages à la fois décalés et attachants. On retrouve dans ce drôle de bestiaire — chien, chat, oiseau, lapin, serpent et même crocodile ! — des animaux qui expriment d’étranges comportements anthropomorphiques, limites névrotiques, lorsque leurs maîtres s’absentent.
Le film s’ouvre sur la promesse — largement dévoilée dans la bande annonce initiale — de révéler au spectateur ce que font nos amis de compagnie lorsque nous les laissons seuls à la maison. Si la mécanique fonctionne et permet de découvrir Max et ses amis, le concept est vite abandonné pour laisser la place à une aventure qui se recentre sur le terrier et son encombrant colocataire, perdus dans la ville.
Le film emprunte alors les codes d’un film d’action et entraîne le spectateur dans les rues — parfois dangereuses — de New-York en divisant l’intrigue entre les aventures de Max et Duke et le parcours de leurs amis partis à leur recherche. Lors de cette quête, les animaux domestiqués vont se frotter aux inévitables agents de la fourrière municipale mais également à un groupe d’animaux étranges, réunis autour de Snowball, un lapin aussi adorable qu’inquiétant.
Abandonnés par leurs maîtres respectifs, ces animaux reclus vivent dans les égouts de la ville et se sont jurés de se venger en éliminant les humains. Là encore, le personnage du petit lapin mignon mais complètement fou démontre l’habileté du studio à créer des personnages intéressants. Dans ce tourbillon d’action, les gags — souvent de situation — sont assez réussis, même si certains donnent une impression de déjà-vu et les références pleuvent.
Pour charmer les adultes, Comme des bêtes est parsemé de références plus ou moins appuyées à la pop culture et notamment au cinéma : Saturday Night Fever (1977), Grease (1978) ou encore Le monde perdu : Jurassic Park (1997)… les clins d’œil au 7ème art sont nombreux. Mais aussi sympathiques qu’elles soient, ces références ne masquent pas une histoire prévisible et au final assez creuse.
Scénario un poil prévisible
Derrière les gags et les clins d’œil, Comme des bêtes peine à dégager un vrai enjeu dans le récit — au-delà du retour de Max et Duke sains et saufs à leur maison, ce qui en général est le cas dans un film d’animation pour enfants. L’opposition humains – animaux est traitée à travers les agents de la fourrière de façon très prévisible et le choc entre les animaux domestiqués et ceux redevenus sauvages est assez décevant.
Le film ne développe aucun des thèmes qu’il met en place et survole le tout sans jamais donner de fond à un propos qui reste très superficiel. On est très loin de la complexité de la société animale de l’excellent Zootopie (2016) de Disney – lire notre chronique – ou la poésie d’un Pixar. En misant sur l’action pure — comme le décevant film consacré aux Minions — ce nouveau long métrage du studio Illumination fait un trait sur l’émotion et tout recul sur les situations vécues par ses héros.
La profusion de personnages, bien que globalement réussis, joue certainement sur l’impression brouillonne qui se dégage de l’ensemble. Divertissant, le film semble cibler en priorité les plus jeunes quitte à décevoir les spectateurs à la recherche d’un petit supplément d’âme. Au-delà de la mission de sauvetage, il ne reste pas grand chose de cette aventure à part un message convenu sur l’attachement des maîtres à leurs animaux de compagnie.
Écrasé par la profusion d’animaux plus ou moins loufoques, Comme des bêtes délaisse malheureusement le fond pour la forme. Mené tambour battant, ce divertissement familial privilégie l’action immédiate à la réflexion, renvoyant l’émotion et l’originalité en périphérie. C’est bête, on aurait aimé une aventure plus équilibrée.
> Comme des bêtes (The Secret Life of Pets), réalisé par Chris Renaud et Yarrow Cheney, États-Unis-Japon, 2016 (1h27)