On les croirait taillées pour une carte postale. Souvent représentées en couverture des guides touristiques de cette région, les petites maisons blanches et les dômes bleus des chapelles à flanc de montagne sont l’emblème des îles des Cyclades. Cet archipel grec en forme de cercle est composé, sur plus de 2 500 km2, de 56 îles et îlots dispersés dans la mer Egée. Il est devenu indissociable des petites maisons blanches cubiques, surmontées de toits plats, et agrémentées de portes et volets bleus. Un grand nombre de ces îlots et rochers sont minuscules, et seules 24 îles sont habitées. Parmi les plus connues, on compte Santorin, Paros ou encore Myconos.
Fragments de montagnes
Cette représentation des petites maisons blanches devenues synonymes de l’un des archipels grecs le plus célèbre n’est certainement pas étrangère à leur conservation. Sur l’île d’Amorgos notamment, trônent à 300 m d’altitude les maisons blanchies à la chaux conservées dans leur style traditionnel, et liées par des ruelles en escalier.
Les Cyclades sont nées à la suite d’une série de tremblements de terre, qui ont engendré un détachement de fragments de massifs montagneux de la Grèce continentale. C’est pourquoi les paysages de ces îles sont secs et rocailleux, parsemés de végétation basse.
Conception bioclimatique
Nichés entre les vignes dans les montagnes surplombant la mer Egée, les chapelles, moulins à vent et petites maisons blanches, par leur architecture minimaliste, semblent avoir été posés là pour épouser les formes du paysage. D’ailleurs, comme souvent dans l’architecture vernaculaire, ce n’est pas l’esthétique qui a poussé les premiers constructeurs de ces maisons à les intégrer si parfaitement dans leur environnement naturel, mais bien l’aspect pratique et bioclimatique : les petits cubes devaient être construits de manière à protéger leurs habitants des vents violents qui peuvent durer des journées entières, et du soleil omniprésent l’été. C’est justement pour se protéger de ce soleil que sur ces maisons construites en pierre grise et bois foncé, des matériaux locaux, les murs sont blanchis à la chaux.
De la mer aux dômes des lieux de culte, les manières dont les habitats des Cyclades tirent parti de leur environnement sont nombreuses. Sur l’île de Santorin, les caves sont taillées dans la montagne pour offrir une prolongation des maisons et gagner ainsi des pièces d’une précieuse fraîcheur quand la température extérieure s’affole.
Dans cette architecture compacte, les ruelles pavées et blanches qui serpentent, de haut en bas, ces villages surplombant la mer, sont comme un lien entre les volumes cubiques qui s’enchevêtrent sans fin. En levant les yeux, la poésie continue : le bleu profond de la mer Egée trouve son écho dans les dômes, les volets, les portes et les balcons azurés des cubes recouverts de chaux blanche.