« Dark Shadows » et « W.E. », le cœur a ses raisons

« Dark Shadows » et « W.E. », le cœur a ses raisons

« Dark Shadows » et « W.E. », le cœur a ses raisons

« Dark Shadows » et « W.E. », le cœur a ses raisons

Au cinéma le

Les histoires d’amours les plus belles et tranquilles ne s’écrivent pas forcément avec le roi d’Angleterre ou avec une sorcière (bombasse, mais sorcière quand même). C’est l’enseignement que l’on retire de deux des sorties de cette semaine.

Dark Shadows

Johnny Depp dans Dark Shadows | Photo DR

Veillez à ce qu’une sorcière jamais de vous ne s’éprenne. Ou vous en subiriez les conséquences, à l’image du Barnabas de Dark Shadows, condamné à être un vampire pour l’éternité. Après une relecture décevante d’Alice au pays des merveilles et quelques mois avant que l’on découvre son Frankenweenie, Tim Burton revient sur les écrans à son meilleur en adaptant une série culte outre-Atlantique. Imagerie gothique, accents pop où les couleurs s’étalent : la patte Burton se mélange parfaitement au cadre seventies dans lequel le susdit Barnabas se réveille après deux siècles de repos forcé.

Dark Shadows | Photo DR

Burton mixe parfaitement éclairs funèbres et fulgurances comiques, mélancolie sourde et loufoquerie déchaînée. Il dissémine au détour d’un plan ou d’un choix musical moult effets surprenants – dont il a le secret – qui achèvent la réussite du film. Visuellement somptueux, Dark Shadows bénéficie aussi de son impeccable casting. Au-delà des habitués Johnny Depp et Helena Bonham Carter, Eva Green – aussi sublime qu’impitoyable – et Chloë Moretz, en pleine crise d’ado, trouvent leur aise dans cet univers. On devrait reparler de ce Dark Shadows à l’heure des bilans de fin d’année.

W.E.

Habiter le cœur d’un roi d’Angleterre peut se révéler galère. L’Histoire l’a prouvé avec Wallis Simpson, maîtresse d’Edouard VII, qui est devenue la femme la plus haïe d’Angleterre lorsque monsieur a abdiqué après quelques mois de règne pour l’épouser. Le couple a été contraint de s’exiler en France pendant que George VI accédait au trône (mais ça, c’est une autre histoire, narrée l’an passé dans Le Discours d’un roi de Tom Hooper). W.E. (pour Wallis et Edward – en plus, en anglais, « we » ça veut dire « nous », comme c’est chou) n’est pas un biopic.

WE | Photo DR

En parallèle des aventures plus ou moins heureuses de Wallis Simpson, le film marche dans les pas de Wally Winthrop, qui, dans le New York de 1998, est obnubilée par le destin des deux amants. Les vicissitudes de Wallis semblent répondre à la vie de Wally qui va bientôt faire la connaissance d’un Evgeni (Wallis-Edward /Wally-Evgeni : vous le voyez, le rapport ?). Le film ne fait pas vraiment dans la subtilité. Madonna a peut-être voulu démontrer que, toute reine de la pop qu’elle est, elle est parfaitement capable de dessiner, avec sensibilité, les portraits intimes de deux femmes à quelques décennies d’écart. Si c’est ça, elle n’y parvient qu’à moitié. D’après les experts, elle cumule les approximations historiques. Du point de vue de la construction du film, elle peine parfois à mêler les deux époques. Le scénario, lui, pêche à plusieurs reprises par naïveté ou facilité. On sent que Madonna est tout autant fascinée que Wally par le couple Wallis-Edward, par ce conte de fées qui n’en est pas un. En résulte un film pas foncièrement désagréable mais tirant en longueur et pâtissant d’affèteries stylistiques qui, si elles passent très bien dans un clip de trois minutes, font carrément tache dans un tableau qui se veut romantique et passionné.

WE | Photo DR

> Dark Shadows réalisé par Tim Burton, Etats-Unis, 2011 (1h52)
> W.E. réalisé par Madonna, Grande-Bretagne, 2011 (1h59)

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