Quand on regarde le thème astral d’Edmund Kemper sur astrotheme.fr, on constate que son chemin de vie est le 7. Pour le novices, voilà ce que ça traduit : « Vous êtes en quête de sagesse, au prix parfois d’une certaine solitude. Ce peut être une curiosité ou un authentique intérêt à l’égard de la métaphysique, de la religion ou de la spiritualité. Ou la volonté de suivre un cheminement personnel s’écartant des sentiers battus, de vous bâtir une destinée spécifique. » Bien vu. C’est donc tout préoccupé par cette farouche volonté de se bâtir une destinée spécifique qu’Edmund Kemper trafique sa bagnole et bloque la porte côté passager, s’équipe en opinel et en Beretta, travaille son discours d’amadoueur de jeunes pucelles leveuses de pouce et s’en va musarder sur les routes du coin, fenêtre ouverte, le coude à l’air, la mèche soigneusement plaquée au Pento.
Le goût du travail manuel
1972, Woodstock n’est pas si loin, l’auto-stop encore en vogue. Le 7 mai, Mary Ann Pesce et Anita Luchese, toutes les deux dix-huit chouettes printemps au compteur, veulent découvrir la vie. Malheureusement pour elle, le voyage initiatique va tourner court. Edmund, gentil géant, met les warning et invite les donzelles à tâter la banquette de sa tire. Blabla-bla, c’est pas le tout… La virée dure le temps d’un tour de manège au parc Astérix. Une embardée et l’affreux se révèle. Etranglement, coups de poignards et égorgement. Kemper, qui ne sait pas encore bien s’y prendre, est étonné de la manière dont il a dû s’employer pour venir à bout des deux ingrates qui « ne voulaient pas mourir ». Le corps de la première est retrouvé en août, l’autre jamais.
En septembre, rebelote. Cette fois c’est une certaine Aiko Koo, quinze piges, qui trouve grâce aux yeux du grand Edmund, encore tout hébété de voir que tuer à main nue, c’est du boulot. Le corps humain, une sacrée machine. Étranglement, étouffement, c’est un peu la même limonade. Animé par une curiosité de disséqueur de crevettes en Première S, l’ogre découpe régulièrement ses victimes. La tête fait office de trophée, le reste d’apéro, entre les chips au bacon et les olives aux anchois. Enfin, certains bouts, probablement plus excitants que d’autres, sont photographiés et souillés par un Edmund toujours prompt à se livrer à l’onanisme sur un morceau de mollet ou sur une paire épaule. On ne juge pas…
Une affaire de famille
Au début de l’année 1973, Edmund change son fusil d’épaule, abandonne les travaux manuels au profit d’un bon vieux pistolet des familles. Les trois prochaines réfractaires aux transports en commun (Cindy, Rosalind et Alice) finiront avec du plomb dans la tête. Kemper ne s’emmerde plus, il les bute directement dans la bagnole. De quoi rentabiliser sa carte fidélité chez American Car Wash. Le garçon quelque peu instable va honorer sa mère à sa façon. Depuis sa plus tendre enfance, les rapports avec sa mère violente, pas aimante pour un penny, ont causé bien des soucis au chérubin hors norme. Divorce, son père met les voiles. Lui finit à la cave où sa mère le trouve à sa place. Le minot, devenu ado se fait engueuler pour un rien. Finalement, son père l’accueille mais l’attitude renfermée d’Edmund fait un peu flipper le daron qui le renvoie chez la vieille.
Comme personne n’en veut, ce sont les grands parents qui récupèrent l’énergumène. Kemper trouve sa mamy pire que sa mère. Quinze ans, la crise d’adolescence, tout ça. Edmund va chercher un fusil, dit à sa grand-mère qu’il va tuer des taupes. Mais le joueur de fête foraine se rétracte et préfère l’abattre elle. Le grand-père rentre, il va être triste quand il va apprendre la nouvelle. C’était pas le but. L’ado au grand cœur décide alors de faire subir le même sort à son papy d’amour. Edmund déclarera : « Je voulais juste voir ce que ça ferait de tuer grand-maman ». Il est fixé. Hôpital psy pendant six ans, avis favorable des médecins, libération, la suite ci-dessus. Mais la mère dans tout ça ?
Un homme à mère
Au mois d’avril de l’année 1973, la maman d’Edmund trempe ses tuiles aux amandes dans son thé au jasmin en compagnie d’une copine. D’humeur bricoleuse, le fiston pénètre dans la maison avec un marteau et prend la tête de sa mère pour un clou récalcitrant. La copine venue parler canevas aurait mieux fait d’aller à son cours d’aquagym : elle y passe aussi. Preuve, s’il en fallait une, que Kemper en voulait bougrement à sa génitrice, une fois que cette dernière eut filé vers la lumière blanche, il la décapita, la viola, arracha son larynx pour le jeter dans le vide-ordure et lança quelques fléchette dans sa trogne délicatement posée sur la cheminée.
Il déclarera plus tard : « je voulais faire du mal à ma mère ». Mission accomplie. Après avoir pris sa bagnole et roulé plusieurs centaines de bornes, l’homme décide de se rendre à la police qui rechigne un peu à le croire. La peine de mort ayant été suspendue en Californie[fn]entre 1967 et 1977.[/fn], il prend perpet’. S’il fallait trouver une jolie fin, on peut souligner le fait qu’Edmund Kemper, grâce à sa collaboration avec les experts et son entrain à raconter son « cheminement personnel », a partiellement aidé à comprendre le fonctionnement des serial killers. L’homme s’assume d’ailleurs plutôt bien : « Je veux triompher de la mort. Je veux triompher de ma victime. Vaincre la mort. Elles sont mortes et moi, je suis vivant. C’est une victoire personnelle. » Une « destinée spécifique » qu’ils disaient…