Tout débute il n’y a pas si longtemps — en 1986 exactement —, dans une galaxie pas lointaine du tout — en Espagne pour être précis. Daniel Prada, jeune garçon de 8 ans à la santé fragile ayant déjà subi plusieurs opérations, doit rester éveillé une nuit entière pour les besoins d’un test médical. Pour l’aider à tenir le coup pendant des heures, le jeune garçon passionné de science-fiction jette son dévolu sur des cassettes de la trilogie Star Wars. Il regarde les trois premiers films de cette saga intergalactique en boucle et devient immédiatement accro à l’univers. Deux jours plus tard, il reçoit pour son anniversaire ses deux premières figurines. Elles ont depuis été rejointes par de nombreuses autres. Installé à Los Angeles depuis 2009, Daniel Prada est depuis retourné en Espagne pour présenter « La Saga de las Galaxias » (La saga des Galaxies), une série d’expositions mettant en avant son impressionnante collection privée. Élue en 2017 « Meilleure Exposition Star Wars » par les réseaux sociaux espagnols — oui, il y a des classements pour tout —, c’est désormais à Paris que l’événement s’installe avec les droïdes, créatures et autres soldats de l’espace vénérés par le collectionneur compulsif, et de nombreux autres fans.
Fan de
À peine entré dans l’exposition Les fans contre-attaquent, un jeune homme enthousiaste propose de fournir des informations sur la reproduction d’un vaisseau spatial constituée de bric et de broc qui trône dans la première salle. Et surtout, insiste-t-il une fois sa mission informative accomplie, il ne faut surtout pas hésiter à le solliciter lui ou ses collègues pour toute précision sur les œuvres présentées. Une chose est certaine, l’exposition porte bien son nom : le Centre Expo Lafayette-Drouot est bien pour quelques mois le repère des fans inconditionnels de la saga. La présence de ces « gardiens », heureux de faire partager leurs connaissances sur l’univers créé par George Lucas, donne à l’événement une ambiance conviviale propice à l’échange : débats de geeks passionnés ou explications didactiques pour les néophytes. Vous pouvez essayer de réveiller le gardien endormi sur sa chaise dans un grand musée national pour lui demander des informations sur un tableau de Rembrandt — au hasard — vous risquez d’être déçu alors qu’il est possible dans cette exposition de polémiquer pendant des heures sur la qualité des derniers films de la saga, par exemple.
Maquettes et pièces de collection
Au sein de l’impressionnante collection, deux types d’objets se distinguent : les figurines et maquettes de collection — certaines rares — et les reproductions de personnages réalisées par des artistes. Si les premiers sont officiels et réalisés avec des détails qui font honneur à la licence, les autres sont des œuvres de fans qui ont tenté — parfois avec les moyens du bord — de reproduire ce qui les a fait rêver — ou frissonner — sur le grand écran. Les costumes n’ont aucune chance d’être remarqués par Karl Lagerfeld mais il s’en dégage une certaine tendresse car ils ont été — telle une bonne purée faite maison — réalisés avec amour pour la saga. Parmi les productions les plus impressionnantes difficile de passer à côté d’un Jabba Le Hutt de 5 mètres de long et d’un Rancor — une autre très vilaine bestiole ! — de 3,90 mètres de haut. Les deux créatures sont en taille « réelle ». Les connaisseurs avisés de l’univers Star Wars apprécieront également de croiser un costume de samouraï stormtrooper ayant remporté un concours de cosplay, le pont de commandement de la base starkiller avec son tableau de bord lumineux, un 74-Z speeder bike, le podracer d’Anakin Skywalker — ça devient technique — ou encore un droïde de reconnaissance de près de deux mètres de haut, un exemplaire unique au monde.
Chaque espace de l’exposition est consacré à un épisode de la saga en débutant avec la première trilogie « historique » constituée des épisodes 4, 5 et 6. Oui, c’est un peu perturbant quand on ne connaît pas : les premiers films ne traite pas du « début » de l’histoire. Heureusement un grand panneau permet de découvrir ou se remémorer à chaque nouvelle salle l’intrigue de l’épisode en question. Vous pouvez également en profiter pour découvrir des anecdotes souvent amusantes sur le tournage. La dernière partie de l’exposition explore l’Univers étendu de Star Wars : il s’agit de l’ensemble des œuvres — films, bandes dessinées, jeux vidéos… — qui s’inspirent de l’univers créé par George Lucas. Une bonne façon de perdre un peu plus ceux qui avaient déjà du mal à suivre en ajoutant des nouveaux personnages sur de nouvelles planètes qui vivent à des époques différentes. Mais ne vous inquiétez pas, tout est expliqué ! Pour chaque figurine des informations indispensables sur le personnage sont rappelées : son nom, s’il s’agit d’un être humain ou d’une créature — pas toujours évident —, les films dans lequel il est présent ainsi qu’une description de son rôle dans cette franchise qui n’en finit pas de s’étendre.
Produits (un peu) dérivés
Malgré les efforts d’une scénographie qui tente de mettre en valeur les figurines et les diverses maquettes il est possible que le spectateur lambda — qui n’est pas fan absolu de la saga spatiale — ressente une certaine lassitude vers la fin de l’exposition. Comme l’indique l’affiche, l’organisation de l’événement n’est liée à aucun producteur officiel de la saga. Ni Disney ni Lucasfilm qui détiennent les droits ne participent à cette exposition créée par des fans ce qui explique probablement qu’aucune image provenant des films n’est visible lors de l’exposition. Certainement pour des questions légales ou de coût. Le manque de supports différents — en dehors des reproductions, maquettes et figurines — et d’un aspect multimédia est regrettable et peu restreindre l’événement aux seuls aficionados de la saga. Un sentiment qui peut être renforcé par le ticket d’entrée qui s’élève à 18 euros le week-end, de quoi dissuader le visiteur curieux qui n’est pas déjà conquis par l’univers des Jedis et des Siths. Pourtant, dès la première salle de l’exposition, deux vitrines exhibent fièrement des objets dérivés qui donnent l’eau à la bouche. Des éditions originales des comics de la première trilogie édités en 1977, 1981 et 1983 ainsi que des jeux vidéos de l’époque prouvent à quel point Star Wars s’est profondément ancrée dans l’imaginaire collectif et s’est imposée comme une franchise très rentable. Ces quelques objets collectors donnent envie d’en voir plus et d’explorer la puissance de la saga sur l’imaginaire des fans du monde entier. Sur ce point l’exposition laisse un peu sur sa faim : le sujet de l’appropriation de l’œuvre créée par George Lucas par ses fans est quasiment infini et va bien au-delà de la collection de figurines et la construction de maquettes. Ces réserves faites, il vous appartient désormais d’estimer votre taux de passion pour Star Wars et de décider si vous souhaitez vous rendre ou non à cette exposition. Comme dirait le sage Yoda : « À vos intuitions vous fier, il faut. »
Infos pratiques :
Les fans contre-attaquent
Du 14 décembre 2018 au 10 mars 2019
au Centre Expo Lafayette-Drouot 44, rue du Faubourg Montmartre 75009 Paris
Horaires :
Du mardi au vendredi : de 12h30 à 18h (dernière visite 17h30)
Adulte : 16€
Enfant (jusqu’à 12 ans inclus) : 11,50€
Groupes, CE, Cosplay, + de 65 ans et demandeurs d’emploi : 13€
Forfait famille (2 adultes et 2 enfants) : 46€
Samedi et dimanche : de 10h30 à 19h (dernière visite 18h30)
Adulte : 18€
Enfant (jusqu’à 12 ans inclus) : 13,50€
Groupes, CE, Cosplay, + de 65 ans et demandeurs d’emploi : 15€
Forfait famille (2 adultes et 2 enfants) : 50€