– Pourquoi fallait créer un festival du film de fesses ?
Nous avions cette envie depuis déjà quelques temps et nous avons constaté qu’il n’y avait pas de festival de film érotique, ni à Paris ni ailleurs en France. S’il y avait des festivals de film érotique, ils étaient forcément destinés à un public ciblé, fermé et nous voulions au contraire ouvrir ces motifs que sont le sexe, la sexualité, l’amour et le cinéma. Nous voulions parler de sexe et d’érotisme de manière à la fois légère et sérieuse et désenclaver tous les débats que certaines personnes tentent d’y mettre. Car le sexe fait partie de notre vie, il est donc un thème que l’on doit aborder de manière « normale ». Le festival du film de fesses est avant tout un festival de cinéma. Nous n’avons pas compris l’abattage dont furent victimes des films comme La Vie d’Adèle ou encore L’Inconnu du lac. Ces films ont gagné des prix, ouvert le débat et ont permis un certain réenchantement érotique.
– Pouvez-me présenter les fondateurs du festival ?
Nous sommes une belle équipe constituée de cinq personnes, quatre filles et un garçon. Une équipe qui évolue dans le milieu du cinéma où nous avons tous des fonctions diverses mais fort complémentaires. Le festival de film de fesses c’est une équipe jeune et amicale. Nous ne nous connaissions pas forcément tous très bien avant le festival mais les fesses nous ont rapprochés.
– Avez-vous rencontré des difficultés pour monter le festival ?
Nous n’avons pas rencontré de difficultés particulières. Au contraire, le festival du film de fesses a tout de suite plu, et même enchanté. Il a pu être finalisé avec une petite économie (nous sommes tous bénévoles mais tellement motivés). Nous avons dû trouver des astuces. Notre énergie, notre entrain, notre conviction et une multitude de soutien ont fait grandir cette fête.
– Comment s’est passée la rencontre le Nouveau Latina ?
Je cherchais la salle idéale pour le festival du film de fesses et nous avons pensé au nouveau Latina. Nous avons rencontré sa directrice Virginie Mercier. nous avons expose notre projet, le fondement même du festival et l’équipe du Nouveau Latina a répondu présente tout de suite. La salle a donc été un partenaire précieux pour le fff. Nous avons pu également compter sur la gentillesse notamment de Irène, Mubi, la Musardine et puis des amis, graphistes créateurs de sites Internet, attachés de presse.
Un festival pour redorer l’image du sexe au cinéma
– Pouvez-vous nous présenter la programmation ?
Toutes les séances du festival du film de fesses se dérouleront au Nouveau Latina à Paris. La programmation du fff s’articule en deux axes, une rétrospective des films de Jean-François Davy, un réalisateur méconnu en France mais qui rencontra pourtant un beau succès au box-office dans les années 70. Sera projetée sa trilogie paillarde avec les titres Q, Prenez la queue comme tout le monde et puis Bananes mécaniques. Le dernier jour, dimanche, nous proposons également une rencontre avec le réalisateur et puis ses deux documentaires Exhibition et Exhibition 1979. Il y aura aussi une séance exceptionnelle le vendredi à 10 heures avec en avant-première le dernier film de Jean-François Davy, Les délires de Celia. Nous projetterons aussi des films contemporains : des films du monde entier, de tous les formats. Et une soirée de courts-métrages sera proposée pour l’ouverture du festival du film de fesses, ce soir.
– A qui s’adresse le festival : les cinéphiles, les coquins, les curieux… ?
Le festival de film de fesses s’adresse à tous les spectateurs munis de fesses.
– Quelle est la frontière entre le film de fesses et le film X ?
Nous tenons avec le festival du film de fesses à montrer des films érotiques et non pornographiques. Nous aimerions redorer l’image du sexe au cinéma et nous souhaitons montrer des films de cinéma où le sexe reste un motif que l’on déploie. Ce n’est pas une chair exposée mais une chair qui pense.
– Pourquoi la fesse, c’est mieux que le X ?
Nous n’émettons aucun jugement de valeur entre le X et les fesses mais le festival de film de fesses invite à l’érotisme. Ce sont des films de cinéma où il est question de respecter la sexualité de chaque spectateur.
– Le film érotique est-il un genre qui existe encore aujourd’hui ?
Le film érotique peut en soi exister partout. Dans le cadre du fff, les films érotiques révèlent le sexe et la fesse comme une thématique riche qu’il est beau et artistiquement intéressant de développer.
– Comment avez-vous élaboré l’affiche du festival, magnifique ?
Nous adorons notre affiche ! Le fff a fait la rencontre d’un fanzine nommé Irène, une revue de photographie érotique féminine. Et lors d’un vernissage nous avons découvert l’artiste Maxime Leyvastre. Il proposait une série de photographies composées de bouts de corps érotisés dans un décor floral et lumineux. Maxime nous a offert une de ces photos pour en faire notre étendard. Merci Irene merci Maxime !
– Le fff est-il voué à avoir lieu tous les ans ?
Le Festival du film de fesses est en effet un projet que nous aimerions voir perdurer. C’est un projet vaste et ambitieux que nous voulons absolument voir pérenniser. Il ne s’agit pas seulement d’une programmation de cinéma, c’est aussi un festival dans la ville. Nous avons voulu que l’érotisme se retrouve dans les films mais aussi dans une exposition photos, des concerts, des lectures, des performances. Pour que ce sexe, ces fesses soient vivants !
> Le Nouveau Latina, 20 rue du Temple, 75004 Paris.