« Le fils de Jean », cherchez le daron

« Le fils de Jean », cherchez le daron

« Le fils de Jean », cherchez le daron

« Le fils de Jean », cherchez le daron

Au cinéma le

À trente-cinq ans, Mathieu découvre que son père était canadien et qu'il vient de mourir. Il entreprend alors un voyage à Montréal pour assister aux obsèques auprès de ses deux “nouveaux” frères. Philippe Lioret offre ce qu'il sait si bien faire : un film touchant et sincère, aux sources de la paternité.

Mathieu n’a jamais su qui était son père. Alors qu’il vient d’avoir trente-cinq ans, un appel téléphonique lui apprend que celui-ci était canadien et qu’il vient de mourir. Mathieu découvre par la même occasion qu’il a deux frères. Il décide de traverser l’Atlantique pour les rencontrer et assister à l’enterrement de Jean, ce père coureur de jupons dont on lui avait caché l’identité. Mais, une fois arrivé à Montréal, ce fils en quête de réponse se heurte à l’indifférence d’une fratrie qui n’avait aucune connaissance de son existence et ne cherche pas à établir de lien.
Pour Mathieu, la découverte de la vérité va être aussi mouvementée que surprenante.

Le fils de Jean

L’inconnu de retour au bord du lac

Pour adapter Si ce livre pouvait me rapprocher de toi, roman de Jean-Paul Dubois, le réalisateur de Je vais bien ne t’en fais pas (2006), Welcome (2009) et Toutes nos envies (2011) n’a pas hésité à prendre ses distances avec la version littéraire de cette histoire de fils abandonné par son père. Tout en gardant la thématique du livre, Philippe Lioret emmène l’histoire ailleurs. Une méthode qui lui permet de proposer une œuvre à part entière, libérée du calque imposé que certains cinéastes se sentent obligés d’appliquer lors d’une adaptation, qui devient alors souvent trop littérale et sans âme propre. L’arrivée sur grand écran de l’univers d’un livre étant pour ses lecteurs très souvent décevante, autant s’en éloigner ! C’est ce que fait ici, Philippe Lioret avec discernement, en proposant sa propre lecture.

Hasard malicieux de sa carrière cinématographique, Pierre Deladonchamps, révélé dans L’inconnu du lac (2013) — pour lequel il avait reçu le César du meilleur espoir masculin —, incarne Mathieu et se retrouve au début du film inconnu de tous à Montréal, auprès d’un lac. Les pieds dans l’eau, il est entouré de Ben (Pierre-Yves Cardinal) et Sam (Patrick Hivon), ses deux demi-frères qui n’ont rien en commun entre eux et avec lui. C’est pourtant ensemble qu’ils cherchent le corps de ce fameux Jean, qui aurait disparu alors qu’il était la pêche. À plus de 5 000 kilomètres de chez lui, Mathieu se retrouve en territoire hostile, entouré de deux frères qui se disputent un potentiel héritage, et à la recherche d’un paternel qui, même dans la mort, se dérobe. Heureusement, il peut compter sur Pierre (Gabriel Arcand), un ami proche de son père qui le soutient dans sa quête d’informations et l’accueille aux côtés de sa femme Angie (Marie-Thérèse Fortin) et sa fille Bettina (Catherine de Léan).

Le fils de Jean

Papaoutai

Dans cette famille de substitution, Mathieu découvre peu à peu  qui était son père, brisant ainsi trois décennies de silence. S’il a du mal à s’identifier à ce médecin dragueur invétéré, il reconstitue une partie de cette histoire familiale qui lui avait jusque-là été refusée. Porté par des acteurs tous excellents, Le fils de Jean pose avec simplicité la question de la paternité, de ces liens qu’un père tisse — ou non — avec son fils, et leurs conséquences dans sa construction en tant qu’homme. La question du mensonge familial et du non-dit est également omniprésente et entoure les traces fantomatiques — un stéthoscope, des photos, un mystérieux tableau — de ce père absent.

En quête d’indice sur ce père qu’il ne connaîtra jamais, Mathieu va être confronté à une révélation qui va venir bousculer ce voyage sur la piste de ses origines. Si ce « twist » dans l’histoire peut être découvert plus avant par les spectateurs les plus attentifs, cela ne gâche pas pour autant le plaisir de ce film dont l’intérêt principal réside ailleurs. Au-delà de l’énigme sur ce père invisible et sa résolution par Mathieu, Philippe Lioret se sert de cette histoire pour nous parler avant tout des liens père-fils, et le fait avec énormément de délicatesse et d’humanité. Sa vision bienveillante rend cette quête d’identité très touchante.

Avec Le fils de Jean, Philippe Lioret explore une nouvelle fois fois la paternité, cette fois-ci sous l’angle du mensonge et de l’absence. Venu chercher des souvenirs paternels et confronté à une famille qui lui est étrangère, Mathieu va avant tout se découvrir lui-même. Son voyage est une réflexion juste et marquante sur la construction de soi face au néant.

Le fils de Jean, réalisé par Philippe Lioret, France – Canada, 2016 (1h38)

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