Elle est d’abord Éléonore, roturière et sans le sou, puis Gabrielle, qui gagne sa vie en posant pour les impressionnistes. Le ver est dans le fruit : elle aurait pu être l’un des personnages d’un roman de Zola, côté Macquart, là où se cumulent les tares. Elle deviendra sa femme. Mais derrière la réussite sociale, se cache le drame à venir. Un courrier anonyme et Alexandrine, de son vrai prénom, est cette épouse trompée en proie à une indicible souffrance, cette femme au bord de la folie. À jamais blessée au plus profond d’elle-même, elle se relèvera. Le phénix sera femme magistrale, soutien sans faille de son mari. Car Zola est, sans aucun doute, l’unique passion de sa vie. Par amour et par orgueil, elle se fera à l’inacceptable.

Derrière chaque grand homme, il y a une femme. Un lieu commun, mais toujours bon à rappeler. Alexandrine est l’épouse, la légitime. Celle qui ne donnera pas d’enfants à Zola. Que savions-nous de l’homme ? Zola, l’écrivain redoutable, est un époux assez médiocre. Parfois vaniteux, souvent lâche.

Alexandrine contre-attaque

C’est l’affaire Dreyfus, Émile Zola accuse. Il est traîné dans la boue ; fière, le verbe haut, Alexandrine sort les griffes, fonce et flamboie. Lui rendre la lumière qu’elle mérite, c’est le pari de Jean-Louis Milesi, scénariste de métier, notamment pour Robert Guédiguian. D’une plume vibrionnante, il entraîne son lecteur dans le tourbillon du grand siècle, celui des inventions et dans le Paris celui d’Haussmann, modernisé à marche forcée.

La lecture est sympathique, cède parfois à la familiarité. Dommage que la folie d’Alexandrine ne soit pas plus exploitée, ni l’enfant qu’elle aurait abandonné… à moins que l’auteur n’ait pas voulu céder à un trop-plein fantaisiste, ce qui se comprend.

Flamboyante Zola est une sorte de biopic littéraire, entre fiction et faits réels. S’attaquer aux manchettes de la presse de l’époque, à la correspondance entre Zola et sa femme, puis sa maîtresse, une belle prouesse quand on n’est ni archiviste ni historien !