Images : Vincent Le Doeuff et Charles Vandame.
GaBlé, l’interview
Vous utilisez beaucoup le sampler dans vos titres. Cette maîtrise du découpage vient-elle de votre passé de batteur ?
Mathieu : Je crois qu’on a besoin de quelqu’un de rigoureux dans le groupe, et c’est le sampler le plus fort à ce jeu-là… Nous faisons les choses à peu près bien et si personne n’était là pour faire quelque chose de parfaitement bien, ça deviendrait très brouillon.
Votre album est un bordel organisé. Comment faites-vous pour mélanger tous ces éléments et donner une homogénéité ?
Mathieu : On prend beaucoup de temps à enregistrer. Pour le dernier album, on a mis huit mois. On enregistre plein de choses qu’on « rebidouille », redécoupe, qu’on recolle.
Thomas : Sur une longue période, de nombreuses choses s’accumulent et on a le temps d’y repenser consciemment ou inconsciemment, de remodeler. Si cela donne une impression de gros collage, c’est qu’il y a eu un long temps de digestion.
Mathieu : Au niveau de l’organisation, on essaie de ranger à la suite des morceaux qui n’ont rien à voir pour que, finalement, cela devienne cohérent. Pour moi, la cohérence, c’est de mettre un morceau très violent après un morceau très calme.
Vos morceaux dépassent rarement les deux minutes. Pourquoi ?
Thomas : C’est historique, on a toujours fait comme ça.
Mathieu : Pour moi, c’est la taille normale d’un morceau, ce sont les autres qui font des morceaux trop longs ! (rires). Je pense que notre musique demande de l’attention et on ne recherche pas du tout à installer une ambiance. Je suis plutôt dans l’instantané. J’aime bien ne pas être installé dans une ambiance.
Avez-vous des aspirations, des envies d’étendre encore vos inspirations musicales, avec des instruments de musique du monde, par exemple ?
Gaëlle : On n’en écoute pas assez pour s’en inspirer mais pourquoi pas.
Mathieu : J’essaie de ne pas repiquer le même genre de samples entre les différents albums. On essaie de ne pas repiocher dans le même répertoire.
La dernière fois que je vous ai vus sur scène, vous étiez quarante (Transmusicales 2009). Avez-vous envie, à nouveau, de collaborer avec d’autres musiciens sur scène ?
Gaëlle : On a longtemps joué à trois mais quand on peut inviter d’autres personnes sur scène, on le fait. C’est en fonction des opportunités.
Thomas : On travaille les morceaux à trois, et si on a des amis qui peuvent…
Gaëlle : On adore changer les versions des morceaux d’un concert à l’autre, mais là avec l’enchaînement des dates, c’est plus compliqué. On a moins le temps de les retravailler, or, jouer avec d’autres musiciens, ça signifie forcément retravailler la version.
Et l’idée de faire des reprises pourrait peut-être être plus simple avec ces collaborations ?
Thomas : En fait, on n’est pas assez bons musiciens pour être à l’aise dans des collaborations. Sinon, je n’aime pas trop les reprises de façon générale. Pour moi, c’est rarement mieux que la version originale.
Gaëlle : C’est un peu risqué de gâcher un morceau qu’on aime bien…
Mathieu : Je crois qu’on donne l’impression d’être un groupe pour qui tout est facile, alors que c’est exactement le contraire. On bosse énormément et on n’est pas suffisamment fort pour faire de l’improvisation. On avait un projet avec Vegetable Orchestra et ça été très compliqué. On n’est pas fait pour ce genre de travail.