La galerie Sakura a réuni une dizaine d’artistes pour rendre hommage à Goldorak, formidable robot des temps nouveaux. Photographes, plasticiens, sculpteurs, tous se réapproprient la figure mythique de la télé des années 80, premier manga importé en France, pour la « Goldo Expo ». Créé par le managaka Gö Nagai, le managa est adapté pour la télévision japonaise en 1975, par Toei Animation.
Il raconte l’histoire du prince Actarus, rescapé de la pacifique Anchor, ravagé par les diaboliques Forces de Vega. Il se réfugie sur Terre à bord de son puissant robot Goldorak. Les forces de Vega, qui ont soif de conquête, tournent rapidement leur regard vers la Terre et installe leur base sur la face cachée de la Lune. Actarus et Goldorak sont alors appelés à défendre la Terre de ses ennemis.
C’est dans l’émission d’Antenne 2 Récréa 2 que Goldorak fait sa première apparition française, le 3 juillet 1978. Immédiatement, c’est un véritable phénomène qui déferle sur l’Hexagone, au point d’atteindre des records d’audience, près de 100% de parts d’audience pour certains épisodes. Dans les années 80 le cornu reste l’idole des jeunes, ni les Silverhawks, ni les Gobots ne lui arriveront jamais à la cheville.
Tout naturellement il se retrouve chef de fil du courant revival des années 80 qui, pour le meilleur et souvent pour le pire secoue la France depuis le début des années 2000. Si celui-ci nous mène à des événements comme la Goldo Expo, on comprend maintenant qu’il y avait du bon, et même du très bon, dans cette nostalgie rose bonbon.
Le photographe genevois d’art et de mode Marc Ninghetto participe à l’exposition. Les imagées présentées font partie d’une série, The solitude of the machine. « Elles représentent le héros de mon enfance empreint de doutes et un peu perdu dans le monde qui l’entoure. En effet, comme resté en hibernation pendant quelques dizaines d’années, il refait surface et n’a plus vraiment ses marques dans le monde qui l’entoure. Un peu paralysé, il nous questionne sur des sujets comme l’identité, l’integration dans la société ou l’urbanisme. Goldorak m’inspire car il est le seul robot qui de par son apparence reste humain. Son image est aujourd’hui totalement à l’opposé des autres robots, violents et de formes complexes. Il sème le doute, on peut le voir homme ou machine. Goldorak en ce sens est intemporel et crée un choc de culture et de temporalité. Et son côté très esthétique s’inscrit parfaitement dans le cadre de mon travail quotidien dans la photo de mode ainsi que dans mon artwork. »
Du Club Dorothée au marché de l’art contemporain
Les œuvres du street artist Pimax sont nombreuses dans l’exposition. Pas étonnant, pour celui qui a érigé Goldorak en religion. Entre le Goldo dieu et le goldo écolo, le Goldo fuck est largement représenté. « Goldo Fuck est de toutes les manifs, contre les inégalités, contre le racisme, l’homophobie ».
Justice et liberté hurlait Bernard Minet : c’est le Goldo de Pimax. « Je viens du soundsystem Toulouse Hardcore. Dans les années 90, on organisait des teufs techno. Goldorak, c’était notre personnage de dessin animé. C’est un robot qui a été récupéré par Actarus pour sauver le monde, un mec qui joue de la guitare, qui fume de la paille. Actarus a un côté super hippie mais quand les méchants arrivent, il devient un guerrier et se bat pour l’humanité. Goldorak était une figure emblématique du mouvement techno des années 80. C’était notre logo sur les macarons des disques, les t-shirts, les flyers, c’était l’identité associée à ce mouvement électronique underground. Dans les années 2000, je me suis sédentarisé. Je suis arrivé à Paris et j’ai commencé à le peindre dans la rue. Goldo je ne le lâche pas. Même si aujourd’hui, Goldorak c’est un phénomène de l’art contemporain avec des collectionneurs et que beaucoup d’artistes commencent à s’y intéresser. »
On découvre à la galerie, un Golorak au stade foetal par l’artiste Alexandre Nicolas, réputé pour ses sculpture de super héros bébé, les superfoetus. Albertoe Vejarano, aka Chanoir, a réalisé quatre masques monochromes du vaillant guerrier, totémique et puissant. Maxime Lhermet réputé pour ses vanités inspirées par la pop-culture a réalisé l’un de ses fameux crânes aux couleurs de Goldo. Dans un style très minimaliste et avec seulement deux bananes habilement positionnées, Dario D’Angelo évoque un Goldorak qui s’impose sans fioritures. Le graphiste Edouard Marpeau a quant à lui réalisé une affiche minimaliste où les cornes de Golodrak sont pourtant immédiatement identifiables.
Biberonné à Goldorak, le robot a intégré très tôt sa culture visuelle. « De plus le style du personnage, un gros robot un peu rétro-flashy, me plaît et m’étonne encore aujourd’hui par sa fraîcheur visuelle ». L’artiste graphiste Ideealizse a quant à elle réalisé un portrait moitié Actarus, moitié Goldorak, à partir d’un technique basée sur le polygone. Matériaux, supports, média, la Goldo Expo présente des visions très personnelles d’artistes qui n’ont jamais tiré un trait sur le robot à cornes de leur enfance. Les rétrolasers sont en action, le fulguropoing est prêt. Ne ratez pas le passage à Paris du puissant robot de l’espace.
> Goldo Expo, 21 rue du Bourg Tibourg, 75 004 Paris, jusqu’au 17 janvier 2015.