Jérôme Kerviel n’est ni un voleur, ni un arnaqueur. L’ancien trader condamné à 3 ans de prison et 4,9 milliards d’euros de dommages et intérêts, n’a jamais été jugé coupable de vol ou enrichissement personnel. Le site des Inrocks, en mai 2010, a badiné avec la décision de justice. Et a négligé le choix du vocabulaire. Dans une critique du livre de l’ancien trader, L’Engrenage : mémoires d’un trader, le magazine a qualifié Kerviel d’ »arnaqueur ». Celui-ci a porté plainte pour diffamation.
Le magazine perd, condamné pour « propos diffamatoires, injurieux et contraires à la présomption d’innocence » à verser 4 000€ à l’ancien salarié de la Société générale. Le juge agrémente la peine d’une obligation pour le site de publier la décision de justice en page d’accueil, durant 15 jours. Il prévient : ce sera 500 euros de plus par jour de retard. Mais les Inrocks accumulent ces jours de retard. Et 300 jours après, Matthieu Pigasse, propriétaire des Inrocks, doit désormais 51 500 euros à Jérôme Kerviel, indique le site de Libération. Et même si la décision de justice a bien été publiée, Kerviel et son avocat, Me David Koubbi, ont assigné Les Inrocks et Pigasse pour qu’ils règlent l’addition. Le propriétaire du magazine, refusant de plier devant Kerviel, a bien essayé d’obtenir un nouveau juge pour fixer le montant de la punition. Echec. « Devoir de l’argent à un type pour non-respect de la présomption d’innocence, alors qu’il a été condamné, c’est pénible », commente David Kessler, directeur général des Inrocks. Mais même si ça lui arrache le coeur, Pigasse devra très certainement se résoudre à signer un chèque de 51 500 euros à Kerviel. Qui n’est pas un « arnaqueur ».