Cette année, l’été de Laura (Luna Lou), 14 ans, et Joséphine (Alma Jodorowsky), 18 ans, doit se plier aux règles qui s’imposent dans une famille recomposée. Les deux sœurs partagent leurs vacances entre leur mère qui les accueille avec leur beau-père dans le Sud de la France en juillet et leur paternel qui les récupère au mois d’août sur la côte bretonne. Entre tensions et révélations, la cohabitation entre adultes et les deux adolescentes s’annonce mouvementée et la pause estivale ne sera pas de tout repos.
Deux moitiés de familles, deux ambiances
La cadette qui entre en rébellion, la mère enceinte de son nouveau compagnon, la soeur aînée qui a de mauvaises fréquentations… les membres de cette famille recomposée ont tous des petits — ou grands — secrets qui vont éclater au grand jour sous les rayons ardents du soleil du Sud ou ceux, plus timides, de la Bretagne. Avec cette construction en deux temps, le réalisateur Diastème — qui s’éloigne de la violence de son précèdent film Un Français (2015) pour plonger dans une ambiance plus légère — réussit à donner corps à la réalité de la famille recomposée, de plus en plus présente dans la société française. Il signe une comédie familiale douce amère sur les affres d’avoir à partager son temps entre ses parents… et les inévitables beaux-parents. L’observation de cette famille scindée en deux se double de l’exploration des sentiments des deux sœurs, au centre de ce vaste chantier sentimental en pleine mutation.
La bonne idée de Juillet août est d’ailleurs de faire vivre ces vacances à travers les regards de Laura et Joséphine, deux soeurs au tempérament bien différent mais qui vont chacune, à leur manière, tester leur entourage ainsi que leurs propres limites. Si les acteurs sont tous au niveau — Patrick Chesnais est à la fois amusant et touchant en beau père et futur père dépassé par les évènements — ce sont les deux jeunes actrices qui captent particulièrement l’attention. Luna Lou dont c’est le premier long métrage insuffle au personnage de Laura une fougue et un franc parler jubilatoire. Assez désespérée, sa rébellion contre ses parents est à la fois stimulante et attendrissante. Alma Jodorowsky — petite-fille du trop rare réalisateur Alejandro — incarne sans fausse note la grande sœur, plus posée mais également rebelle à sa façon, femme en devenir qui impose sa beauté sauvage. Les deux actrices forme un duo qui fonctionne bien et font le lien entre la chaleur étouffante du Sud et le temps plus mitigé de la Bretagne, emportant avec elles les intrigues qui parcourent cette famille coupée en deux.
Scénario en vacances
Probablement soucieux que les histoires de grossesse, de crise adolescente et d’amours naissantes ce suffisent pas à captiver sur la durée le spectateur, Diastème et sa co-scénariste Camille Pouzol ont intégré dans ces petites brouilles familiales une sous intrigue — très légèrement — criminelle qui perturbe malheureusement plus le récit qu’il ne l’aide à la développer. Ce petit ajout au scénario, incarné par des personnages mal définis qui ne convainquent pas vraiment, est assez peu crédible et laisse assez dubitatif. Dans la dernière partie du film cet élément extérieur vient quelque peu parasiter les vacances de Laura et Joséphine et éloigne le spectateur de ce qui se joue au sein de la famille. On se console toutefois de cette dérive scénaristique hasardeuse avec une bande originale assez présente et plutôt réussie composée par Frédéric Lo et bénéficiant des textes d’Alex Beaupain.
Avec Juillet août, Diastème signe une comédie familiale très légèrement dramatique qui fonctionne plutôt bien. Les performances des acteurs — notamment les deux jeunes sœurs — et la bande son viennent heureusement relever un scénario qui a tendance à vouloir en faire un peu trop. Un film de saison sans prétention qui permet de passer un moment agréable — en famille ou non — dans une salle obscure et climatisée, de préférence.
> Juillet août, réalisé par Diastème, France, 2016 (1h36)