La lumière vacillante, aller au bout des souvenirs

La lumière vacillante, aller au bout des souvenirs

La lumière vacillante, aller au bout des souvenirs

La lumière vacillante, aller au bout des souvenirs

5 décembre 2024

Elles ont été dans leurs enfance et adolescence voisines à Tbilissi, en Géorgie, à la fin des années 80. À Bruxelles, le temps d'une soirée, trois anciennes amies d'enfance au milan de leurs vies se retrouvent. C’est la rétrospective de Dina, leur défunte amie, photographe mondialement célèbre, qui a accumulé les clichés de leur jeunesse. Qu’est-il arrivée à Dina, et pourquoi leur amitié a-t-elle été brisée ? 

Faire la lumière sur le passé

C’est un livre peuplé de fantômes que nous sert ici Nino Haratischwili, autrice très remarquée en 2021 avec La huitième vie. La fin des illusions de l’enfance, la sororité, la loyauté, la soif insatiable de pouvoir des hommes et l’amour qui asservit sont les thèmes principaux de La Lumière vacillanteAu présent, c’est au fil des photographies que s’égrènent les souvenirs de Keto, notre narratrice. On retrouve les quatre amies dans leur jeunesse, dans un pays où la fin de l’URSS signe le début d’un cycle de truanderie et de violence, auquel aucune d’entre elles n’échappera. La force de leur amitié contribue à leur donner l’énergie de s’accomplir en tant que femmes, libres. Mais la cruauté du destin et la succession de drames qui les frappent les conduiront à des choix qui entacheront durablement leur amitié. 

Le beau pari d’un roman dense

Dense est sans aucun doute l’adjectif qui correspond le mieux à ce nouveau roman de Nino Haratischwili. La narration est d’une énergie extraordinaire malgré la tristesse et les regrets qui en émanent. Les portraits de ces femmes aux caractères forts qui se débattent avec leur destin sont magnifiques. Les souvenirs sont amenés et reliés entre eux avec beaucoup d’élégance, et si le récit peut paraître assez décousu, le puzzle finit par s’assembler parfaitement dans la tête du lecteur. Apprendre les choses par petits à-coups permet de garder le suspense, et témoigne d’une très bonne maîtrise du récit. 

On peut le déplorer, mais notre époque est aux formats courts. Les romans longs doivent être parfaitement maîtrisés, et je ne peux que vous conseiller, en la matière, de relire le magistral L’art de la joie. Dans La lumière vacillante, la force narrative s’épuise un peu sur la fin, avec des digressions et des redites dont on aurait pu se passer. Les répétitions de mots dans certaines phrases – est-ce la traduction?  – pèsent un peu. 

Cela n’enlève rien au fait que La lumière vacillante de Nino Haratischwili reste un roman au souffle indéniable, qui mérite d’être lu et aurait mérité d’être récompensé en cette rentrée littéraire.

La lumière vacillante de Nino Haratischwili

720 pages
Date de publication
5 septembre 2024
Éditeur
Gallimard
Page du livre sur le site de l’éditeur