Si vous n’aviez jamais visité les égouts londoniens, comme l’on visite ceux de Paris, jetez donc un coup d’oeil à ce reportage de la BBC, diffusé en 2010. Mais autant vous prévenir tout de suite, ce que vous y verrez n’a rien de franchement ragoûtant.
Un mal ronge les égouts de Londres depuis plusieurs années. Ou plutôt, les bouche. La graisse des fish and chips, dont raffolent les anglais, converge irrémédiable dans les égouts de la City, malgré le fait que cette pratique soit illégale. Conséquence : en refroidissant, la graisse se fige, s’accumule sur les parois, et forme des fatbergs. Un anglicisme calqué sur iceberg, qui désigne une montagne de graisse. Jugez plutôt :
Chaque année, la graisse enlevée pourrait remplir intégralement neuf bus à double étage, caractéristiques de Londres. Et pourrait aussi faire ainsi économiser à la ville plus d’un million d’euros par mois en frais de nettoyage, explique Lyon Capitale.
Outre les problèmes évidents d’évacuation, en plus de ceux liés à l’hygiène, se posait une question : que faire de toute cette graisse ? La jeter ? Oui, mais où ? Aller polluer ailleurs pour rendre un semblant de propreté aux 109.000 kilomètres du réseau d’égouts de la capitale anglaise ? La recycler ? Mais pour en faire quoi ?
Depuis quelques années, une partie de l’huile de friture était récupérée en amont et convertie en bio-carburant. Londres va plus loin cette fois-ci : les graisses récupérées serviront, dès 2015, à produire de l’électricité.
Début avril, l’entreprise britannique d’énergie renouvelable 2OC a signé un contrat de vingt ans avec Thames Water, qui gère le réseau d’eau du Grand Londres, pour ouvrir une centrale électrique alimentée par de la graisse de cuisine, rapporte lemonde.fr.
L’ouverture de la centrale est attendue pour le premier trimestre 2015. Elle pourra convertir indifféremment les fatbergs et les huiles collectées directement auprès des restaurateurs. A son démarrage, la production est estimée à 130 GW/h (soit 1 milliard de watts par heure). De quoi fournir assez d’énergie pour environ 40 000 foyers. Et offrir une deuxième vie à cette huile indispensable à des millions de londoniens.