Mémoires, où l’art de se raconter
C’est un exercice périlleux et douloureux que de raconter ses mémoires. Un exercice qui nécessite de l’aplomb – et une certaine dose de fatuité. Stewart a rédigé ses mémoires pendant la pandémie. Avant, dit-il, il était trop occupé à jouer. Une autobiographie consacrée à sa carrière d’acteur, mais pas que : sa vie personnelle y est largement évoquée.
Mémoires
Reconnaissons-le, le parcours de Patrick Stewart mérite d’être raconté. Parce qu’il est inspirant : c’est celui d’un self-made-man comme on les aime, un de ceux qui reviennent de loin. C’est dans l’un des quartiers pauvres de Leeds, en Angleterre, que Patrick Stewart grandit. Dans une maison sans commodités, régie par un père violent, il lit et relit les quatre livres disponibles, une encyclopédie, un dictionnaire, deux ouvrages de guerre éculés. Il se verrait chauffeur routier. Un prof passionné lui fait découvrir le théâtre. Échapper aux moqueries des camarades, se couler dans différents rôles. Plus qu’une évasion, un exutoire.
Stewart interprétera Macbeth, Othello, Prospero, Shylock et Marc-Antoine, avec, à la clef, nombre d’éminentes récompenses. Côté cinéma, il est un des visages emblématiques de la pop culture.
Patrick Stewart : une existence, une voix, un visage
Stewart, c’est une voix, accent du yorkshire inclus. Un visage, aussi : un crane d’œuf, oblong comme un ballon de rugby, surmonté d’un appendice nasal proéminent. Stewart est chauve depuis ses vingt ans. Un complexe qu’il dissimule, lors de ses premières auditions, avec une perruque, qu’il apprend à retirer. Deux Stewart en un, du pain béni pour les scénaristes.
Stewart grimpe jusqu’à tutoyer les étoiles. Il faut dire qu’il a hérité d’une sacrée discipline, celle de son père, parfois au détriment de tout le reste. D’un trop-plein de colère, aussi. Les valises du paternel sont lourdes à porter. Une influence parfois salutaire, souvent ravageuse. Le weekend, le paternel se biture et c’est la mère qui trinque. Trente ans de thérapie, et Stewart se reprochera toujours de ne pas avoir assez protégé sa mère. Lui-même a eu des enfants, avec qui il entretient des relations presque inexistantes. « Un chagrin significatif », confie-t-il.
« Rire, c’est merveilleux »
Patrick Stewart, vrai ou faux modeste, dit ne pas toujours réaliser son succès. À 83 ans, il voudrait faire rire les gens, encore une fois. Il a une réelle affection pour la comédie. The Emoji Movie, ses apparitions dans Family Guy : moins connus que ses rôles dramatiques, ils l’ont réjoui « Rire est si merveilleux ». Le rire a le pouvoir de la guérison.
Saluons son parcours, lisons ses Mémoires.