Osaka, métro, texto, dodo

Osaka, métro, texto, dodo

Osaka, métro, texto, dodo

Osaka, métro, texto, dodo

9 octobre 2010

Première chronique japonaise pour Gaëlle qui nous fait partager sa découverte du métro. Entre étonnement et admiration.

Si prendre le métro est devenue une activité quotidienne et banale, ce fut au départ une source de curiosité pour moi, Française fraîchement débarquée à Osaka, Japon.

Première surprise : en attendant le métro, les Japonais s’alignent devant les marquages au sol indiquant la position sur le quai des portes du métro. Pas un qui ne tente de se glisser devant les autres, ni de se mettre de côté en vue de se glisser à l’intérieur après avoir doublé la file disciplinée devant lui. Personne ne contrôle cette parfaite discipline. Rien n’y oblige. Les voyageurs respectent simplement un ordre d’arrivée et s’organisent pour faciliter au mieux la montée. Habituée aux masses compactes et rebelles qui se créent devant les portes des trains et métros français, tant de savoir-vivre m’a, au début, impressionnée ! Je ne peux cependant parler que du métro d’Osaka. Des amis qui connaissent Tokyo m’ont dit que la réalité y était bien différente. Là-bas, ceux qui attendent ne laissent pas descendre les passagers avant de monter dans la rame. En cas de nostalgie du coup-de-coude-français-laissez-moi-passer, je saurais où aller !

Une fois à l’intérieur de la rame, un petit tour d’horizon des comportements fait souvent sourire. Il n’est pas rare de voir une rangée entière de personnes dans la même position : téléphone portable ouvert, en train de jouer ou de "textoter". (Ici d’ailleurs les sms sont en fait des mails et sont gratuits. Les "textoteurs-fous" sont donc légion !). Ce qui interpelle, c’est de toujours voir les mêmes modèles de portables. Rose ou d’une couleur "girly" pour les jeunes filles (et bien sûr une dizaine de petits porte-clés accrochés dessus, voire d’énormes pompons du double de la taille du cellulaire), plus sobre pour les hommes, mais avec la même forme. Lorsqu’on est debout dans la rame et qu’on observe cette rangée branchée sur son téléphone, la ressemblance des positions et de l’appareil est étonnante !

L’autre activité très fréquente dans le métro osakaïte, est le roupillon. En France, la vue d’une personne endormie, dans le train ou le métro, prête à sourire. La posture a un côté abandon total auquel, sans être à cheval sur la dignité, on n’a pas l’habitude. Si, en plus, cela se fait avec la mâchoire ouverte, on se laisse carrément aller à ricaner. Ici c’est tellement commun qu’on finit par ne plus y prêter attention. Etre dans une rame sans qu’il y ait au moins trois personnes qui dorment, voilà qui serait très surprenant ! Et cet exercice est commun à tous (peut-être un peu moins pour les personnes âgées, curieusement) et quelle que soit l’heure. Hommes et femmes s’écroulent dès le derrière sur la banquette, et arrivent à dormir, sans pour autant, il me semble, rater leur arrêt. Ce qui est curieux, c’est l’attitude commune qu’ils adoptent presque tous. Point de tête en arrière. Ils s’écroulent sur eux-mêmes, la tête tombant lourdement vers leurs cuisses, parfois jusqu’à les toucher. Et chaque soubresaut du train les fait glisser tantôt à droite, tantôt à gauche. La profondeur même de leur sommeil tend à les faire tomber sur le côté. Les premiers jours, je me suis crue l’objet de toutes les passions lorsque chaque voyage était caractérisé par la tête d’une personne s’approchant tendrement de mon épaule ou de mon ventre. Malheureusement, il n’en était rien. Les usagers du métro ont développé une technique impressionnante : ils arrivent, sans se réveiller, à détecter lorsque leur joue ou leur crâne touche quelque chose (en l’occurrence leur voisin de banquette) et ils se redressent alors instantanément, amorçant ensuite leur descente progressive vers le côté opposé, jusqu’à ce que l’histoire se répète.

Le métro peut aussi être l’occasion de prendre un cours de maquillage. Il n’est pas rare d’y voir une jeune femme se "faire la totale". J’entends par là, la pose de plusieurs correcteurs et fonds de teint, poudres et blushs, crayonnage et fardage des yeux, pose de faux cils, etc. Je n’avais jamais vu faire ce dernier exercice, je suis maintenant experte en la matière!
Certains enfin profitent du temps de transport pour lire. Un jour que je n’avais pu trouver de place assise, j’observais les personnes dans la rame et constatais que beaucoup semblaient lire le même livre. Tous avaient entre les mains un ouvrage identique, à la couverture brune. Je me demandais alors quel pouvait bien être ce best-seller tellement en vogue cette saison au Japon ?
Ce n’est que quelques jours plus tard, à force d’observations répétées, que j’ai réalisé qu’il s’agissait en fait d’une jaquette protectrice dont les Japonais recouvrent leurs livres, et qu’ils passent d’un livre à l’autre.
Je ne sais pas s’il s’agit d’une simple protection physique pour leur bouquin, d’une pudeur quant à l’exposition de leur lecture, ou les deux…