Surnommée « foggy » à cause de son écrin gris, de sa bruine et de son épais brouillard, la capitale britannique n’a pourtant jamais été aussi en vogue. Londres serait paraît-il passée devant Paris en tant que destination favorite des touristes. La Ville Lumière aurait-elle perdu de son sex appeal ? Pour les visiteurs étrangers en tout cas, puisque c’est dans ce domaine que Londres l’emporte. La britannique affiche 16 millions de visiteurs étrangers en 2013, contre 15,5 millions seulement pour la française.
Fun, dynamique et décontractée, Londres est aussi polyglotte, a le sens du commerce, et a même appris à cuisiner. Même ses hôtes sont sympathiques, on ne peut pas en dire autant de la parisienne. Bienvenue à Londres, ville moderne.
A Paris, pas de folklore
Traverser Central London perchés dans des bus à étages, prendre la pause devant les publiphones iconiques ou aux côtés des Bobbies, ces policiers statufiés reconvertis en attractions locales. Certains touristes farceurs poussent même le vice jusqu’à titiller les gardes de la reine, imperturbables sous leurs chapeaux en poils d’ours. Ces poils noirs, le rouge des bus et des cabines, ce sont les couleurs locales de Londres.
A l’autre bout du tunnel, au cœur de la capitale française, le folklore urbain offre des pervenches et des motocrottes, impuissantes face au fléau qui recouvre les trottoirs de la ville. Car voici l’un des traits de caractères de Paris que cite toujours un Londonien : les crottes de chiens omniprésentes. Beaucoup plus que les taxis c’est certain !
Black Cabs, des héros au volant
Là où à Paris trouver un taxi prend des airs de quête du Graal, à Londres les célèbres Black cabs peuvent être hélés n’importe où. Interdits de GPS, les chauffeurs connaissent les itinéraires de la ville comme leurs poches et font preuve de flegme et de professionnalisme en toute circonstance. Formés dans les « knowledge point », ces écoles où les chauffeurs apprennent à se déplacer sans plan ni GPS dans les 25 000 rues de Londres, ces chauffeurs développeraient même, d’après une étude de l’University College London, une mémoire spatiale largement supérieure à celle de leurs congénères.
Le nec plus ultra des chauffeurs de taxis tandis que leurs homologues français blasés et râleurs crient des injures aux automobilistes et se bornent à ne parler que dans leur langue natale. « C’est étonnant qu’il n’y ait pas plus de chauffeurs de taxi et de serveurs qui parlent anglais. C’est quand même le portail vers le reste de la France, » s’étonne Ciara, une touriste irlandaise.
Londres la multiculturelle
La diversité culturelle, un autre bon point pour la capitale britannique. C’est grâce à cela qu’elle est devenue multilingue, une qualité non négligeable pour les milliers de touristes qui débarquent chaque année et apprécient l’absence d’une barrière de la langue. A Londres, il n’est pas essentiel de parler anglais pour pouvoir communiquer. Vous pouvez prendre votre petit déjeuner en Italien, votre repas en japonais et votre diner en Ourdou. Si vous ne parlez pas français à Paris, vous ne saurez jamais ce que le garçon de café vous a répondu, avant de s’éloigner en grognant : « Ah ces Anglishs ! »
Le mélange de cultures est aussi à l’origine d’une variété culinaire capable de satisfaire tous les palais. A la tête de ce festival de cuisines du monde, Brick Lane, capitale du curry – restauraunts indiens à Paris -, a apporté à la ville une touche épicée.
En comparaison, les brasseries parisiennes servent certes tous les classiques français, mais en dehors du quartier chinois, il faut un bon carnet d’adresse pour mettre de l’exotisme dans son assiette et en sortir indemne. Et quand il s’agit de faire un break après une journée de visite, là encore c’est Londres qui l’emporte. Les pubs de la capitale sont un adversaire redoutable face aux PMU parisiens qui n’ont d’iconiques que l’odeur de piquette et les toilettes crasseuses. Insolites, historiques et, de plus en plus souvent gastronomiques, les pubs font entrer leur clientèle de plain-pied dans la culture anglo-saxonne.
Londres ou les bonnes affaires toute l'année
Pour les amateurs de prêt-à-porter, le shopping est une autre raison de passer à l’heure anglaise. « Je n’ai jamais vu de réductions pareilles, les soldes à Londres, c’est vraiment un bon plan ! » explique Clarisse venue de Bretagne pour faire de bonnes affaires. Moins 50 %, moins 75 %, toutes les boutiques du high-street se mettent en quatre, quasiment à longueur d’année, pour remplir votre garde-robe. Pendant ce temps, à Paris, il vous faudra faire partie des clubs de membres très select de Promod, Printemps et autres enseignes si vous voulez profiter des offres alléchantes qui n’existent que pendant les ventes privées. Le commun des mortel lui devra se contenter d’un petit moins 20 % sur de la marchandise douteuse sortie spécialement pour l’occasion, comme pour débarrasser les réserves trop remplies des magasins.
Et à Londres, les bons plans ne concernent pas que les vêtements. « Ici tu peux trouver absolument ce que tu veux, et tout ce qui est livre, musique, Hi-Fi coûte en moyenne moins cher que dans d’autres capitales européennes, » explique Alessandro, Italien installé à Londres et habitué lui des magasins de vinyles qui pullulent dans la capitale. Pour être tout à fait fair-play, notons que les prix de l’immobilier sont diaboliquement élevés à Londres, près de deux fois plus chers dans le centre. Mais pas de quoi effrayer les touristes, ils ne sont pas là pour ça !
Londres ou l'architecture qui ose
Pour ce qui est des sites emblématiques, avouons-le, Paris n’a rien à envier à sa rivale, les férus d’histoire et de culture n’ont pas de préférence. Mais le petit plus à Londres c’est que la plupart des expositions permanentes dans les musées sont gratuites, inutile donc de faire une overdose de natures mortes sous prétexte d’avoir dépenser 12 euros pour son ticket. Londres a de plus un avantage certain de part le dynamisme de son architecture.
Le long de la Tamise, les 9 kilomètres qui séparent le pont basculant de Tower Bridge du pont routier d’Albert bridge, dans le quartier huppé de Chelsea, font cohabiter les époques et les styles sans aucun complexe. Tous témoignent tous d’une ouverture d’esprit qui ose le mélange des genres. Du haut de ses 309 mètres, la Shard, l’une des dernières créations en date, transperce la vieille cité de Londres et domine l’ouest de l’Europe. De l’autre côté de la Manche, les successions d’immeubles Haussmanniens collet montés ont du mal à rivaliser face à tant de fantaisie. « Londres est une ville dynamique et créative qui dégage une certaine énergie. En contrepartie, Paris est une belle ville, mais c’est une ville-musée », commente Marilou. Depuis peu parisienne, elle a vécu à Londres pendant plusieurs années et compte bien revenir régulièrement dans sa ville coup de cœur.
Londres anti-conventionnelle
Les résidents de la Ville Lumière seraient-ils quant à eux aussi monotones que les bâtiments qui les entourent ? « Ce que j’aime à Londres c’est l’atmosphère décontractée et les gens. Personne ne se juge ou ne se regarde, et tu ne vois ça nulle part ailleurs », explique Samira expatriée Outre-Manche depuis quatre ans. Pour elle, et pour beaucoup, l’accueil, le style, l’attitude, et parfois même l’excentricité des Londoniens sont, entre autres, ce qui rend cette ville si spéciale. Punk, classique, hipster, à Londres la mode ne supporte ni règles ni codes : on s’habille et on se coiffe comme on veut. Si les parisiens sont connus à travers le monde pour leur style et leur élégance, ils ne doivent surtout pas sortir du moule conventionnel et conformiste. Le sac Valérie Bruno est un must et la faute de goût est rarement pardonnée. Paris paraîtrait presque guindée à côté de sa voisine excentrique.
Londres, sa bière, ses parcs
Quand le soleil brille au dessus de la Tour Eiffel, les parisiens ont le choix entre les terrasses bondées des cafés ou les allées immaculées des parcs, bordées de parterres fleuris et d’écriteaux sur lesquels on peut lire : « interdit de marcher sur la pelouse ».
Quand il brille au dessus de Buckingham, ce qui arrive plus souvent qu’on ne pourrait le croire, les londoniens profitent des pintes de bière et du calme des beer gardens, à l’écart des rues animées et des grands espaces verts répartis autour de la capitale comme autant de jardins pour s’isoler ou se défouler. Nature, fun, culture, divertissement sur fond de décor atypique, la brumeuse ne cesse de surprendre ses visiteurs. Au 18ème siècle, Samuel Johnson écrivait : « Celui qui est lassé de Londres l’est de la vie, car Londres a tout ce que la vie peut offrir. » Une citation qui n’a pas pris une ride, et qui pourrait encore aujourd’hui expliquer pourquoi la capitale insulaire n’a rien à envier à ses rivales endormies du vieux continent.