Alien fait partie de ces films qui ont réussi à s’inscrire dans la culture pop et l’inconscient collectif. Si bien qu’il est capable d’évoquer des images, des motifs, des atmosphères, même à ceux qui n’ont pas vu le film. « Dans l’espace, personne ne vous entend crier », un monstre transperçant le ventre qui l’accueille, Sigourney Weaver en héroïne badass androgyne..
Le film, sorti en 1979, a marqué à la fois son époque et le genre tout entier (on ne compte plus les références directes ou indirectes qui pullulent dans les œuvres de science-fiction produites depuis trente ans). Il s’est décliné en une franchise avec Aliens, le retour (1986, James Cameron), Alien 3 (1992, David Fincher) et Alien : Resurrection (1997, Jean-Pierre Jeunet). La très mauvaise réception publique et critique de ce dernier épisode semblait avoir mis un terme à l’exploitation du filon.
C’est en partie le cas, car la promotion autour de Prometheus s’évertue à expliquer que ce prequel n’en est pas vraiment un, que l’action se situe en 2091 – donc avant celle d’Alien (2122) – mais n’est pas directement liée aux aventures d’Elen Ripley.
Vrai-faux prologue
Certes, une partie du mystère qui entourait le film de 1979 trouve ici un début d’explication mais, sans trop en dire, la conclusion de ce vrai-faux prologue laisse augurer d’une suite qui contribuerait à constituer une saga indépendante. Si le film est assis entre deux chaises, le spectateur, lui, sera bien calé au fond de son siège.
L’histoire : une équipe d’explorateurs arrive sur la planète LV-223, afin d’entrer en contact avec les créatures qui pourraient être à l’origine de l’humanité. Comme l’on peut s’y attendre, le comité d’accueil ne sera pas des plus souriants. Prometheus, c’est avant tout du grand spectacle (où la 3D sert davantage à étendre la profondeur de champ qu’à jouer des effets de jaillissement) et de la science-fiction ambitieuse qui s’occupe de construire sa mythologie sans perdre le public.
Ridley Scott n’accorde aucun répit à la narration qui progresse à un rythme soutenu. Hanté par la mort et les revenants (les disparus qui n’en sont pas, les être chers qui survivent dans les souvenirs, les fantômes qui s’incarnent dans de fragiles hologrammes) il est ponctué de fulgurances gores (le contraire aurait été décevant) et ce n’est que plusieurs heures après avoir vu Prometheus que l’on se rend compte de l’impression vivace qu’il a laissé dans notre esprit. La marque des grands films. Et dans la salle, tout le monde vous entendra crier.
> Prometheus réalisé par Ridley Scott, Etats-Unis, 2011 (2h03)