Rythmiques martiales ou syncopées, chœurs séquencés, digressions des synthétiseurs analogiques, le nouveau son de PVT [fn] PVT, Church with no Magic, Warp/Discograph.[/fn], combo australien signé chez Warp et autrefois dénommé Pivot, s’inscrit dans la lignée à la fois dark et bizarrement pop du dernier et récent album des These New Puritans, ce qui n’est certes pas un défaut. En l’absence de toute connexion avérée entre les deux groupes, force est de constater qu’on a peut-être affaire à une mouvance nouvelle qui tente une fusion détonante entre divers courants : le minimalisme électro de la fin des 70’s (de Brian Eno à Laurie Anderson, en passant –hélas- par Moroder), la rage du post-punk et une tonalité cold-wave présente sur les vocaux crépusculaires (ici, sur "Crimson Swan"), ainsi qu’un travail des chœurs et du rythme qui rappelle ce que Björk a pu faire de plus exigeant : ajoutez à cela une couche atmosphérique à la Boards of Canada (ici, "Waves and Radiation"), et de beaux éclats mélodiques, et vous aurez peut-être une idée de l’affaire.
Autant "Hidden" des New Puritans marquait par la dureté du son et l’inflexion gothico-tribal de son inspiration, autant "Church With No Magic" possède une variété d’angles qui en font un puzzle plus instable, et dispose d’un atout majeur dans la voix, enfin exposée, de Richard Pike, capable de sourdre ou d’élever aux nuées la mélodie. Beaucoup des morceaux ont une force de frappe immédiate, que ce soit "Light Up Bright Fires", où le break le dispute à la mélodie, "Church With No Magic" et "Crimson Swan", les plus manifestement électro-gothiques, ou "Window", premier single en équilibre syncopé irrésistible. Le très habile mélange de déconstruction et de cohérence mélodique que présente "Church With No Magic" en fait assurément un des disques les plus audacieux (ou post-modernes, pour les chagrins) du moment, à l’égal de celui de These New Puritans, avec lequel il va décidément falloir à nouveau le comparer au moment du bilan de fin d’année. Mais ça, c’est une névrose critique que le lecteur pourra vite laisser de côté pour le seul profit de l’écoute : please, enjoy !
David Larre