"Quadrophenia", c'est "Spring Breakers" en 1964. Le ciel nuageux du Sussex remplaçant le soleil de Floride, la musique des Who, celle de Britney Spears et Sting, Vanessa Hudgens. Bon, ok, c'est quelque peu exagéré. Mais ce film inspiré du concept-album des Who cultive quelques points communs avec le shaker pop d'Harmony Korine. Il suit à la trace Jimmy, un jeune Londonien désabusé. « Je ne veux pas être semblable à tout le monde. C'est pourquoi je suis un Mod, tu piges ? », clame-t-il. Être Mod, c'est une affaire de look – polos Fred Perry ou chemises Ben Sherman, vestes kakis fouinées au surplus militaire -, de musique – éclectisme des goûts musicaux de rigueur – et un "art de vivre" – danses effrénées, soirées dopées aux amphétamines, balades en Vespas customisées… Mais, par dessus tout, être Mod, c'est haïr les rockeurs, les ennemis jurés aux blousons de cuir noir.
Jimmy n'est pas le dernier à aller à la castagne. Et c'est avec une hâte non dissimulée qu'il se prépare à passer le week-end à Brighton, paisible ville balnéaire, pour prendre part aux émeutes annoncées entre les deux groupes ennemis.
De la musique, de la glande, des filles, de la violence et un profond ennui à tuer. Voici comment "Spring Breakers" et "Quadrophenia" dialoguent à quatre décennies d'intervalles. La seule différence étant que le film de Franc Roddam a été tourné en 1979 et ne peut que tenter de reconstituer l'air du temps des insouciantes sixties. Le long métrage n'est pas exempt de longueurs, mais, pour qui aime le rock, la mode et les oeuvres générationnelles, Quadrophenia est chaudement recommandé.
> Quadrophenia de Franc Roddam, Royaume-Uni, 1979 (2h)