« Retour à Zombieland », zombies repetita

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« Retour à Zombieland », zombies repetita

Au cinéma le 30 octobre 2019

Dix ans après leur rencontre, Tallahassee, Columbus, Wichita et Little Rock continuent de défoncer les zombies avec le même enthousiasme mais des conflits latents finissent par faire imploser l'improbable famille recomposée. Farce horrifique flirtant avec l'overdose d'effets visuels tapageurs, Retour à Zombieland ne renouvelle pas la surprise du premier opus mais gère plutôt habilement les retrouvailles avec ces héros ordinaires drôlement attachants.

Voilà dix ans que Tallahassee (Woody Harrelson), Columbus (Jesse Eisenberg) et les deux frangines Wichita (Emma Stone) et Little Rock (Abigail Breslin) affrontent ensemble l’apocalypse zombie. Désormais confortablement installés à la Maison Blanche — l’avantage d’un pays sans président ni agent immobilier —, les quatre tueurs de morts-vivants profitent de la vie de château entre deux excursions pour remplir le garde-manger. Dehors, les zombies ont profité de la décennie passée pour évoluer : certains — surnommés les Hawking en hommage au regretté astrophysicien — sont devenus plus intelligents, d’autres — les T800, sorte de Terminators en décomposition — sont désormais extrêmement difficiles à tuer.

Malgré le chaos ambiant, la vie suit paisiblement son cours jusqu’au jour où Little Rock et Wichita décident de partir à l’aventure. Devenue une jeune femme, Little Rock étouffe au sein du groupe : elle se sent coincée entre la figure paternelle de Tallahassee et le couple formé par Columbus et sa sœur. Little Rock veut rencontrer des jeunes survivants de son âge et pour ça elle doit quitter Washington. Terrifiée à l’idée de s’engager pour de bon envers Columbus, Wichita en profite pour s’enfuir avec sa sœur. Mais quand Little Rock lui échappe pour s’enfuir avec Berkeley (Avan Jogia), un beau gosse néo-hippie, elle retourne auprès de Tallahasse et Columbus qui décident de l’accompagner dans sa mission sauvetage.

Retour à Zombieland - photo de Jessica Miglio © 2019 CTMG, Inc. Tous droits réservés

10 ans et toutes leurs dents

Une décennie ça peut paraître long, surtout pour les héros d’un film comme Bienvenue à Zombieland (2009). Comédie zombiesque drôlement horrifique, le film avait charmé pour sa vision décalée et assez inédite pour l’époque d’une apocalypse plus potache que terrifiante. Un joli succès populaire qui n’avait pas pour autant suscité un besoin impérieux de suite. Alors quand un second opus voit enfin le jour dix ans après les premiers crânes de zombies éclatés, l’attente n’est plus au rendez-vous. Loin des yeux du spectateur, loin de son cœur. Rhett Reese et Paul Wernick, scénaristes du premier volet puis de l’irrévérencieux Deadpool (2016) — lire notre chronique —, ne s’y sont pas trompés : après une décennie d’absence, il faut planter à nouveau le décor. Cette suite débute donc avec un monologue de Columbus résumant l’évolution des personnages, des morts-vivants et d’un monde toujours aussi chaotique. L’occasion de se remémorer cette famille reconstituée et d’éprouver un certain plaisir à les retrouver, toujours devant la caméra de Ruben Fleischer qui a réalisé entre temps le très bancal Venom (2018) avec Tom Hardy.

Au jeu des comparaisons, Little Rock — interprétée par Abigail Breslin, à jamais dans nos cœurs de cinéphiles nostalgiques l’adorable Olive dynamitant un concours de beauté dans Little Miss Sunshine (2006) — est le personnage qui a le plus évolué. La plus jeune du groupe est désormais une jeune femme qui rêve d’indépendance. Et elle n’hésite pas à la prendre en abandonnant sa famille de cœur pour suivre un pseudo hippie vivant à Babylone, une communauté pacifiste qui a miraculeusement échappé jusque là à la voracité des zombies. Anxieux à l’idée que Little Rock serve de dîner à une horde de morts-vivants, Tallahassee, Columbus et Wichita prennent la route. Un long périple parsemés de zombies voraces, de rescapés coriaces et de hippies plus ou moins à la masse les attend.

Retour à Zombieland - photo de Jessica Miglio © 2019 CTMG, Inc. Tous droits réservés

Cliché de blonde et quasi sosies

Capitaliser sur l’attachement aux quatre héros ne saurait suffire, surtout après dix ans d’absence : du sang neuf a été injecté parmi ces hordes de corps en décomposition. Pour compléter le casting, les scénaristes historiques ont été plus ou moins bien inspirés. Temporairement abandonné par Wichita, Columbus se console auprès de Madison (Zoey Deutch), une jeune femme rencontrée dans un centre commercial. Aussi charmante qu’un peu limitée, la charmante blonde a tout même réussi à survivre pendant une décennie, planquée dans un congélateur. Pas vraiment assumée par Columbus, cette relation s’attire naturellement les foudres de Wichita. Sur le papier, le personnage de la blonde écervelée tient du cliché facile mais Zoey Deutch réussit à rendre attachante sa stupidité candide en prouvant qu’il faut de la finesse pour jouer avec crédibilité les imbéciles heureux.

De son côté, Little Rock s’amourache d’un néo hippie séduisant mais assez insipide tandis que Tallahassee rencontre Nevada (Rosario Dawson), une autre fan d’Elvis qui ne le laisse pas indifférent. Symbole de la malice — certains diront la légèreté — avec laquelle l’aventure est menée, Tallahassee et Columbus croisent la route de Flagstaff (Thomas Middleditch) and Albuquerque (Luke Wilson). Deux personnages qui — en plus d’avoir eux aussi des prénoms improbables — sont des doppelgangers troublants de nos héros. Comme tout cow-boy qui se respecte, Tallahassee n’apprécie que modérément d’avoir un rival de la sorte, d’autant plus en présence d’une jolie dame qu’il convoite. La confrontation loufoque avec ces étranges sosies vient renforcer l’esprit joyeusement foutraque du film, plaisant mais parfois sur le fil du rasoir de l’auto parodie.

Retour à Zombieland - photo de Jessica Miglio © 2019 CTMG, Inc. Tous droits réservés

Titre, aïe

Même acteurs, même recette. Ruben Fleischer reprend ici le style visuel tapageur du premier film symbolisé par des textes qui envahissent l’écran de façon — trop ? — récurrente. Associée à une mise en scène nerveuse, cette titraille qui rappelle au spectateur les règles essentielles de survie en milieu zombie s’étale sur un écran parfois à la limite du trop-plein. En abusant de l’effet, le cinéaste finit malheureusement par réduire son efficacité. Cette surenchère d’effets est d’autant plus discutable que certains aspects du film sont a contrario peu exploités. Les différents types de zombies — des stupides Homer aux redoutables T800 — sont une occasion ratée de faire évoluer les massacres de zombies vers des combats plus originaux. Mais il faut avouer qu’après les avoir côtoyés pendant une décennie, les morts-vivants — même plus vindicatifs — ne sont plus une menace pour nos quatre héros qui ont appris à gérer la menace. Dans cette suite, l’adrénaline de l’instinct  de survie du premier volet a cédé la place aux tensions internes au sein d’une famille de cœur.

Dix ans après le succès du premier volet, Retour à Zombieland poursuit logiquement dans son sillage avec la même équipe devant et derrière la caméra. Une fidélité au ton décalé du projet qui a l’avantage de faire replonger tout naturellement le spectateur dans l’ambiance décalée de cette farce post-apocalyptique à laquelle il manque un peu du mordant initial.

> Retour à Zombieland (Zombieland: Double Tap) réalisé par Ruben Fleischer, États-Unis, 2019 (1h39)

Affiche du film "Retour à Zombieland (Zombieland: Double Tap)"

Retour à Zombieland (Zombieland: Double Tap)

Date de sortie
30 octobre 2019
Durée
1h39
Réalisé par
Ruben Fleischer
Avec
Woody Harrelson, Jesse Eisenberg, Emma Stone, Abigail Breslin, Avan Jogia, Zoey Deutch, Rosario Dawson, Thomas Middleditch, Luke Wilson
Pays
États-Unis