Huit ans après son lancement sur internet, Le roi de la capote s’implante physiquement, à Paris. Depuis le début du mois de novembre 2013, Marc Pointel, le fondateur, a transposé IRL ce qu’il faisait URL : vendre des capotes de toutes les tailles, de toutes les formes et de toutes les couleurs. Avec la même idée en tête : ré-érotiser le préservatif. Une tâche moins simple qu’il n’y paraît.
La capote, cet objet sexuel mal-aimé
Pour le fondateur, en bon commerçant, la capote est un objet qui peut être ultra-sexuel. Le problème, c’est qu’il n’est présenté que dans sa fonction première, à savoir lutter contre les IST. “Or, la capote c’est aussi le contrôle des naissances”. C’est surtout un objet lié au plaisir. Mais faute d’éducation sexuelle adéquate, ce petit bout de plastique reste mal-aimé des Français.
Marc Pointel tonne : “L’éducation sexuelle fait défaut en France !”. Il en veut pour preuve une scène que vous avez forcément dû vivre au collège, grosso modo le seul cours d’éducation sexuelle de votre scolarité. Plongez-vous dans vos souvenirs et revenez à ce cours de biologie de 4e qui doit être, encore aujourd’hui, dans la catégorie “what the fuck” des journées de votre vie. Votre professeur avait sorti, sans crier gare, une banane de son sac avant d’y dérouler un préservatif dessus (variante : il ou elle avait retourné une chaise et avait déroulé le-dit préservatif sur un des pieds). Le tout dans une hilarité générale, teintée de gêne, d’une classe d’adolescents en pleine découverte de leurs corps.
Techniquement, “c’est le mode d’emploi”, souligne Marc Pointel. “Mais on ne s’intéresse pas à l’orgasme ! […] Car l’orgasme, c’est naturel et c’est la seule chose qui nous différencie des singes dans notre rapport au sexe”.
Sur le banc des accusés vient aussi l’état sexuel des Français : “Sexuellement, nous sommes très mauvais, malgré la réputation, fausse, que nous avons”. Pour se faire son avis, Marc Pointel s’est fabriqué son propre baromètre : l’homosexualité. “Si on arrive à en parler librement, les hétéros seront beaucoup plus détendus. Ce qui n’est pas le cas en ce moment”. Autre indicateur du gérant : l’hypersexualisation des filles qui compenseraient d’après-lui “un mal-être”.
Ré-érotiser le préservatif
Bref, la capote est mal-aimée et Marc Pointel veut, à travers sa boutique exclusivement dédiée à la vente de préservatifs et de quelques tubes de lubrifiants, lui redonner une dimension érotique. “La capote, c’est le moyen de faire l’amour le plus sereinement !”, assure-t-il.
Comment faire ? “Il ne faut pas l’évoquer que sous l’angle des IST […] Il faut arriver à parler aux hommes, inconsciemment castrés par ce petit bout de latex. On en a toujours parlé comme d’un bout de plastique. Non ! La capote, c’est comme une paire de chaussures : il y a des chaussures de sport comme des Louboutin. Et avant, on portait des sabots. La capote, c’est pareil.” Comprenez : la capote a évolué et sait se faire plus sensuelle qu’il n’y paraît.
Une boutique “élégante”
Résultat : dans sa boutique, comme sur son site internet, il y a des préservatifs variés destinés à coller “aux sexualités”, précise-t-il en insistant sur le pluriel : sans latex, en polyuréthane ou en polyisoprène, pour hommes circoncis, retardants, nervurés ou texturés mais aussi des préservatifs féminins, des digues pour les rapports bucco-vaginaux ou bucco-anaux et, ça et là, sur les étagères, des lubrifiants.
Entre la place de la République et celle de la Bastille, Marc Pointel a voulu une boutique non pas chic, mais élégante, comme il le précise. Sur une vingtaine de mètres carrés, les capotes s’enfilent le long des étagères, largement visibles depuis l’extérieur grâce aux vitres transparentes. Première boutique en France exclusivement dédiée aux préservatifs, le lieu est loin du sex-shop glauque ou des grandes surfaces anonymes. Le gérant la voit d’ailleurs plus comme une para-pharmacie où sexe et sexualités peuvent y être évoquées librement et où il sera ravi de prodiguer ses conseils.
> Le roi de la capote, 106, boulevard Richard Lenoir, Paris 11, de 9 heures à 20 heures.