Sexe et prévention font bon ménage !

Sexe et prévention font bon ménage !

Sexe et prévention font bon ménage !

Sexe et prévention font bon ménage !

25 novembre 2011

Une exposition coquine a pris la Bastille ! Sex in the City, organisée par Solidarité Sida, en partenariat avec la Ville de Paris, parle de sexe sans tabou. De prévention aussi, mais de façon originale et ludique.

Sur la place de la Bastille | Photo Solidarité Sida ©Cheik Toure

Sex in the City et c’est le moins qu’on puisse dire. Place de la Bastille, à Paris, depuis le 19 novembre, l’exposition Sex in the City, réalisée par Solidarité Sida attire le regard et tient toutes ses promesses.

Depuis huit ans, la foule se presse pour visiter l’expo durant le festival des Solidays, organisé par Solidarité Sida. Elle quitte aujourd’hui l’enceinte douillette d’un public acquis à sa cause pour prendre la ville d’assaut, ses godes sous le bras.
On y parle multipartenarisme, BDSM (comprenez bondage, discipline, domination, soumission, sado-masochisme), pornographie. Les sextoys ont la part belle, crème de plaisir, objets inconnus. Bien-pensants, pudibonds et gardiens de la « bonne » morale, s’abstenir.

Une exposition intergénérationnelle

On parle de sexe dans cette exposition, sans tabou, ou presque. Initialement concoctée pour les 18-25 ans, les organisateurs ont la surprise de voir des personnes beaucoup moins jeunes franchir les portes. « La moitié doit avoir moins de 40 ans, l’autre est plus âgée. Cette expo a été créée pour les plus jeunes, qui ont toujours été le créneau de Solidarité Sida. Mais elle attire tout le monde et crée une interactivité entre les générations. Ils se parlent, rient, échangent, comprennent qu’ils ne sont pas si différents les uns des autres », s’enthousiasme Mélanie Hubault, responsable France de Solidarité Sida.

Mélanie Hubault | DR Solidarité Sida / ©Alix Marnat

Sex in the City est toutefois déconseillée à des adolescents âgés de moins de 16 ans. Des jeunes pourtant en âge d’avoir des rapports sexuels et pas toujours informés sur la contraception et les risques liés à la sexualité. « Nous avons beaucoup réfléchi à cette question. Mais dans cette expo, on a fait le choix d’aborder les choses de manière concrète, on présente une large palette de pratiques, pas forcément adaptées à leur âge. A 14 ou 15 ans, on n’est pas forcément à l’aise avec la sexualité, et le sado-masochisme ou le multipartenarisme peut choquer. La sexualité peut révéler des facettes de notre personnalité qu’on comprend plus facilement à 20 ans ou 30 ans. »

Dans l'antichambre | Photo Dorothée Duchemin  

Dans ce palais des plaisirs, le visiteur entre par un corridor sombre et pénètre l’antichambre. On pose l’ambiance, on se met en jambes. On pénètre ensuite dans la salle des petits cochons, parce qu’un cochon, c’est mignon. Là, on est invité à se questionner sur sa sexualité, son orientation sexuelle, ses pratiques. Dans le bain, il est temps d’entrer dans le palais des plaisirs, où seul l’épanouissement sexuel compte.

Le plaisir avant la prévention | Photo Dorothée Duchemin

Dans l’espace suivant, la Panic Room, où on parle IST (Infections sexuellement transmissibles) et pas seulement Sida. « Le Sida a occupé tellement de place ces dernières années, qu’on n’a plus parlé des autres IST, qui sont pourtant également des risques à prendre en compte », précise Mélanie Hubault. Papillomavirus, chlamydia, syphilis, etc., on vous explique tout, les risques, les symptômes, les conséquences…

Thomas, notre guide | Photo Dorothée Duchemin

Bien sûr, il y est aussi question du Sida. Selon le rapport annuel de l’Onusida, paru ces jours-ci, nous n’avons jamais été aussi nombreux à vivre avec le VIH : 34 millions de personnes sont infectées dont 68 % en Afrique. Grâce aux traitements, on meurt moins du Sida, mais ce n’est surtout pas une raison pour le banaliser. « Les gens n’ont pas vraiment la perception du « vivre avec ». Prendre des médicaments toute sa vie, tous les jours, ce n’est pas rien. Leur impact est très lourd pour l’organisme et il faut en plus prendre des médicaments pour amoindrir les effets secondaires. C’est aussi une maladie sociale, très discriminée et encore montrée du doigt. Elle fait très peur et souvent, détruit la vie sexuelle et affective. Elle fait le vide autour de soi. »

Le plaisir avant la prévention

Dans Sex in The City, plaisir, risques et préventions sont des mots qui vont très bien ensemble. Ce qui est assez rare, les discours alarmistes oubliant de prendre en compte une dimension pourtant importante : faire l’amour fait du bien  !

Alors, pourquoi ce choix d’aborder d’abord le plaisir sexuel, pour finir sur les risques liés à la sexualité  ? « On se rend compte que les messages traditionnels de prévention ne fonctionnent plus. Les personnes sont de moins en moins réceptives et la perception du risque est beaucoup moins importante. Maintenant pour faire de la prévention, il faut être ludique, original et innovant. On parle sextoy, on les pousse à découvrir des choses et à interroger leur sexualité. Parce qu’on leur a permis ça, notre discours est plus percutant. Ils sont prêts à écouter. »

Le plaisir avant la prévention | Photo Dorothée Duchemin

Le dernier espace de l’exposition est dédié au safe sex et à la boutique contraceptive. « Les IVG (Interruptions volontaires de grossesse, NDLR) sont encore élevées et la médecine a tendance à être bloquée dans le « tout pilule ». » On vous apprend même comment poser un préservatif ! Tout de même, a-t-on encore besoin d’apprendre ce genre de gestes, n’est-ce pas un rien infantilisant ? « Les gens ne le formulent pas comme une demande, mais on se rend compte qu’ils ne savent pas les poser, poursuit Mélanie Hubault. Ils connaissent grossièrement le geste mais, par exemple, ne pincent pas le réservoir en le déroulant. Alors, il reste une bulle d’air qui peut amener le préservatif à se déchirer. »

Apprendre à poser un préservatif grâce au manège | Photo Dorothée Duchemin  

Durant leur parcours, les visiteurs ont été invités à remplir un questionnaire visant à tester leurs connaissances en matière de prévention. Plus qu’un petit jeu, c’est surtout un moyen pour les bénévoles de Solidarité Sida et les associations d’entrer en contact avec les visiteurs. « On s’éloigne du questionnaire pour parler avec eux des risques qu’ils prennent, de leurs pratiques sexuelles. C’est un outil qui nous permet d’enclencher le dialogue. »

Sex in the City se tient place de la Bastille jusqu’au 4 décembre prochain. Courez-y. C’est coquin, excitant et pédagogique. Plaisir et prévention s’accordent à merveille, c’est si rare !


> Sex in the City, jusqu’au 4 décembre, place de la Bastille. Entrée gratuite, déconseillée aux moins de 16 ans.