À la ferme de Mossy Bottom la vie suit paisiblement son cours : Shaun le mouton et ses congénères ovins enchaînent les bêtises sous l’œil réprobateur de Bitzer, chien berger rabat-joie à cheval sur le règlement. Occupés par des querelles très terre à terre, les habitants de l’exploitation sont loin de se douter qu’ils s’apprêtent à vivre une rencontre intergalactique hors du commun.
Un vaisseau spatial s’est en effet écrasé non loin de la ferme de Shaun et son passager venu des étoiles, une adorable et malicieuse créature prénommée LU-LA, trouve refuge dans une grange de la ferme. Après des débuts méfiants, la jeune extra-terrestre bleue et violette est adoptée par le troupeau.
Lorsque Shaun découvre qu’elle s’est perdue et cherche à retourner sur sa planète auprès de ses parents, le mouton décide de l’aider à rejoindre sa soucoupe. Mais le voyage retour s’annonce semé d’embûches : une mystérieuse organisation gouvernementale est déjà à la poursuite de la petite alien. À sa tête, la terrible Agent Rouge espère bien saisir cette occasion pour démontrer au monde entier que les envahisseurs existent réellement.
De son côté, le fermier compte bien rentabiliser l’attrait soudain des habitants des environs pour les OVNIS afin de s’offrir la moissonneuse-batteuse de ses rêves. Il effectue des travaux de grande ampleur dans son exploitation pour la transformer en « Farmageddon », un parc d’attraction rudimentaire dédié à la vie extra-terrestre qu’il espère très lucratif.
Phone home(made)
Quatre ans après ses débuts au cinéma dans Shaun le mouton, le film (2015) — lire notre chronique —, le sympathique capriné du studio Aardman à qui l’on doit les personnages de Wallace et Gromit et de Chicken Run (2000) est de retour pour une aventure inédite qui va l’envoyer très loin de sa ferme natale, à plus de 10 000 années-lumière !
Pour ce nouveau projet — le plus ambitieux jusque là ayant nécessité la création de plateaux d’envergure — la réalisation se dote de quelques effets numériques liés aux supers pouvoirs lumineux de l’intrépide LU-LA mais la recette du fait-main demeure la base dans ce procédé d’animation image par image.
Comme pour les productions précédentes, les empreintes digitales des animateurs qui triturent la pâte à modeler donnant vie aux personnages sont parfois visibles sur certains plans. Cette technique artisanale associée à celle du stop-motion donne tout son charme à ces productions familiales à la fluidité remarquable.
Le spectateur retrouve évidemment dans cette nouvelle aventure les personnages attachants de Shaun et ses amis auxquels vient s’ajouter la malicieuse LU-LA, touriste de l’espace aux gaffes charmantes et aux rots tonitruants. Mené sans temps mort, Shaun le mouton, le film : la ferme contre-attaque devrait séduire les plus jeunes — à partir de 6 ans — malgré un scénario qui paraîtra peut-être un peu trop prévisible pour les adultes les accompagnant.
Rencontres du troisième sheep
Le retour sur grand écran de Shaun le mouton ne déroge pas à la règle des productions Aardman, le film est truffé de références cinématographiques et culturelles liées cette fois-ci à la thématique de l’invasion extra-terrestre. De quoi combler les adultes qui relèveront des références passant largement au-dessus de la tête de leur progéniture.
Mais pourquoi tu rigoles papa ? Cette question entendue quelques rangs derrière moi pendant la séance a été posée par une enfant incrédule étonnée de voir son paternel amusé par une référence au célèbre thème musical de la série X-Files. Si les aventures de Shaun s’adresse clairement à un jeune public et ne possède pas la profondeur des productions Pixar, il faut saluer les multiples clins d’œil cinéphiles des scénaristes.
Ces références sont parfois très explicites comme la copie d’un plan d’un grand classique du cinéma mais elles se font aussi parfois plus subtiles à l’image de ce panneau publicitaire pour l’entreprise « H.G. Wheels » visible au début du film. Un jeu de mots faisant référence au célèbre H.G. Wells, auteur notamment de La guerre des mondes racontant l’arrivée sur Terre de martiens belliqueux.
Au jeu des références, Steven Spielberg est le grand vainqueur avec des hommages ludiques appuyés à Rencontres du troisième type (1977), E.T. (1982) et même Les dents de la mer (1975) ! L’incontournable 2001, l’odyssée de l’espace (1968) de Stanley Kubrick et la saga Star Wars n’ont évidemment pas été oubliés dans cette aventure intergalactique qui jongle avec les références avec une habilité réjouissante.
Aventure sans surprise mais aux personnages attachants, Shaun le mouton, le film : la ferme contre-attaque est un film d’animation charmant qui a de quoi ravir les plus jeunes. Le public adulte un tant soit peu cinéphile trouvera également son compte dans cette nouvelle production Aardman qui excelle à truffer cette aventure intergalactique de clins d’œil amusants.
> Shaun le mouton, le film : la ferme contre-attaque (A Shaun the Sheep Movie: Farmageddon) réalisé par Will Becher et Richard Phelan, Royaume-Uni – France – États-Unis, 2019 (1h26)