Shaun est un petit mouton futé (bien sûr que si ça existe !) qui vit avec son troupeau à la ferme Mossy Bottom sous l’autorité d’un fermier myope, secondé par Bitzer, un chien de berger aussi bienveillant qu’inefficace. Fatigué par la routine et influencé par une publicité vue sur un bus passant devant l’exploitation, le capriné décide de s’accorder un jour de repos bien mérité. Pour mener à bien son plan, Shaun endort le fermier et le place dans une vieille caravane mais très vite la situation lui échappe : en voulant libérer son maître, Bitzer déplace la cale retenant le véhicule qui fonce alors tout droit vers la grande ville et des cochons sagouins profitent de la disparition de l’éleveur pour prendre possession de la ferme.
Pour tenter de remettre de l’ordre dans le chaos qu’il a déclenché, Shaun débarque en ville – accompagné de son troupeau et Bitzer – avec pour objectif de rétablir la paisible vie quotidienne à l’exploitation. Shaun et ses amis vivent alors des aventures urbaines incroyables : ils rencontrent Slip, une petite chienne orpheline aussi vilaine qu’attachante, et croisent la route de Trumper, terrifiant responsable de la fourrière animale, qu’ils tentent de duper grâce à d’ingénieux déguisements. Difficile pour un mouton d’éviter les pièges de la grande ville, l’expédition sauvetage est d’autant plus ardue que l’éleveur, chamboulé par l’arrivée mouvementée de la caravane en ville, a perdu la mémoire et pense désormais être coiffeur.
Le charme discret du stop motion
Heureuse coïncidence, le Musée Art Ludique à Paris propose de découvrir jusqu’au 30 août prochain les secrets du studio Aardman, créateur des célèbres Wallace et Gromit, des volatiles de Chicken Run (2000), des indisciplinés Pirates (2012) du film éponyme et de ce mouton nommé Shaun qui débarque donc sur le grand écran après avoir été la star d’une série télé depuis 2007. Dans l’exposition « Aardman, L’art qui prend forme« , le spectateur peut notamment admirer les décors qui accueillent ces personnages en pâte à modeler auxquels des animateurs patients et méticuleux donnent vie. C’est cet aspect « fait main », associé à une folle créativité et une animation incroyablement fluide, qui rend les œuvres de ce studio britannique si uniques et attachantes.
À l’ère des effets spéciaux numériques omniprésents, il y a une sorte de folie douce empreinte de poésie à continuer d’animer ces figurines, un travail titanesque qui ne permet de produire que quelques secondes de film par jour. Un labeur d’autant plus impressionnant qu’il ne transparait pas dans l’œuvre finale, rien dans la virée urbaine du mouton et de ses amis ne semble soumis à des contraintes d’ordre technique. La visite de l’expo, avant ou après avoir vu le film, ne peut que renforcer l’admiration pour cette équipe qui arrive à donner vie – image par image – à ces simples bouts de pâtes modelées.
Un mouton dans la ville
Ce sixième film du studio Aardman, avec son intrigue et sa thématique assez basique, suit la lignée des films précédents et s’adresse principalement aux enfants sans chercher à atteindre un second niveau de lecture pour les plus agés comme le fait Pixar, par exemple. Mais cela ne veux pas dire qu’un adulte doit tourner le dos à ce sympathique troupeau de moutons perdu dans la jungle urbaine. L’expédition est menée à un rythme suffisament effréné pour garder l’attention du spectateur du début à la fin et les situations loufoques, associées aux clins d’œil culturels, déclenchent d’inévitables rires et sourires, même chez les spectateurs qui ont passé depuis quelques années l’âge de jouer avec de la pâte à modeler.
Aardman associe à nouveau le charme du procédé de stop motion à sa science des situations improbables et nous offre une virée hors de la ferme menée tambour battant par le remuant Shaun qui réussit à merveille sa migration de la télé au grand écran. Une aventure drôlement folle et mouvementée à en perdre haleine… de mouton, évidemment !
> Shaun le mouton, le film (Shaun the Sheep Movie), réalisé par Mark Burton et Richard Starzak, Royaume-Uni – France, 2015 (1h25)