Souriez, vous êtes filmés

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Souriez, vous êtes filmés

Souriez, vous êtes filmés

Au cinéma le

Les caméscopes sont pratiques : ils permettent d'immortaliser les amoureux échangeant leur consentement, les jeunes mariés ouvrant le bal ou tonton devenu zombie et qui prend les autres invités pour du civet. Les caméras de vidéosurveillance sont bien pratiques : elles permettent d'identifier des poseurs de bombes, de savoir ce qu'il se trame dans les ambassades et d'espionner les femmes dans les cabines d'essayage.

[REC]3 Génesis

Les found footage movies font florès dans les salles depuis une poignée d’années, notamment dans le cinéma de genre. En montrant les étranges événements survenus dans un immeuble madrilène placé en quarantaine tels qu’ils ont été enregistrés par la caméra d’une équipe de télévision, [REC] (Jaume Balaguero et Paco Plaza, 2007) avait contribué à remettre le concept dans la tendance. Même si celui-ci n’est pas nouveau (le Cannibal Holocaust de Ruggiero Deodato, métrage séminal de ce sous-genre, date de 1980).

Les deux réalisateurs espagnols ont exploité le filon deux ans plus tard avec [REC]2 avant de mettre en chantier pas moins de deux suites. Ils se sont partagés le boulot : Jaume Balaguero a mis en boîte [REC] Apocalypse, qui sortira l’an prochain, tandis que Paco Plaza s’est attelé à [REC]3 Génesis[fn][REC]3 Génesis, de Paco Plaza, Espagne, 2011 (1h20).[/fn], en salles depuis mercredi.

Ce dernier, présenté comme un prequel, n’en est pas vraiment un puisque l’action se déroule simultanément au premier épisode. Cependant, une partie du mystère entourant les origines du virus métamorphosant des Monsieur-et-Madame-Tout-le-monde en zombies trouve une explication tout en laissant le spectateur sur sa faim. [REC]3 Génesis se déroule lors du mariage de Clara et Koldo. Et bien sûr, c’est la fête du caméscope. Mais ce nouveau volet abandonne rapidement les images tremblotantes filmées par les invités au profit d’un format plus traditionnel.

En se débarrassant de ce point de vue subjectif, le film perd en intensité. Le scénario s’engage dans la veine comique, avec plus ou moins – plutôt moins – de bonheur au détriment des scènes horrifiques, alternant assauts de zombies et tentatives de fuites des héros. Paco Plaza se rattrape dans la dernière demi-heure, en lâchant enfin la bride pour laisser le fun envahir l’écran et en faisant prendre à sa mariée une dimension iconique. Il prend un malin plaisir à jouer avec les codes du happy-end, sans rechigner à les pervertir et réussit à mixer effroi, émotion et stupéfaction. Un excellent numéro de centrifugeuse.

 

Aux yeux de tous

Aux yeux de tous[fn]Aux yeux de tous, de Cédric Jimenez, France, 2011 (1h25).[/fn] n’est pas un found footage movie, mais recourt à un concept voisin puisqu’il se veut composé essentiellement d’images de vidéosurveillance ou captées via webcam. Un hacker – visiblement fort inspiré par la philosophie Anonymous – officie en tant que monteur : son enquête sur un attentat commis à la gare Saint-Lazare, sa traque des poseurs de bombes et des commanditaires est l’objet du film. Aux yeux de tous a ses limites propres au film-concept qu’il est : les invraisemblances abondent, le simplisme est de mise (voir l’aisance confondante avec laquelle le hacker craque un pare-feu) et l’interprétation est très inégale.

Cependant, cette proposition de cinéma, qui rappelle, toutes proportions gardées l’excellent Redacted (Brian de Palma, 2007) faisant cohabiter plusieurs régimes d’images pour montrer que chacune pouvait avoir "sa" vérité, intrigue suffisamment pour captiver jusqu’au dénouement. D’autant plus qu’il résonne particulièrement avec l’actualité. Un attentat à quelques semaines de l’élection présidentielle, un président qui actionne le levier sécuritaire : cela vous rappelle quelque chose ?

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