Street art : la folle aventure Djerbahood se raconte dans un livre

Street art : la folle aventure Djerbahood se raconte dans un livre

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Street art : la folle aventure Djerbahood se raconte dans un livre

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Street art : la folle aventure Djerbahood se raconte dans un livre

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29 mai 2015

150 artistes, une trentaine de nationalités, Djerbahood est le dernier projet fou de Mehdi Ben Cheikh déjà initiateur de la phénoménale "Tour Paris 13". Conçue comme un musée à ciel ouvert, l'idée a vu le jour sous le soleil de Djerba, à l’été 2014. C’est aujourd’hui un beau livre qui revient sur cette aventure hors-norme.

Rodolphe Cintorino. | Galerie Itinerrance

Connaisez-vous le petit village tunisien d’Erridah ? Non ? Situé à une dizaine de kilomètres de l’aéroport de Djerba, au sud deu pays, ce petit village traditionnel est devenu, l’été dernier, en quelques semaines Djerbahood, où de nombreux street artists du monde entier se sont donnés rendez-vous. « L’appellation Hood est venue d’une installation de Rodolphe Cintorino qui nous a expliqué que The Hood est en anglais le quartier d’où émerge la création underground », raconte Mehdi Ben Cheikh dans la préface du livre Djerbahood, publié ces jours-ci aux édition Albin Michel.

De l’audace 

Initiateur de cet audacieux projet, Mehdi Ben Cheikh, fondateur de la galerie Itinerrance à Paris, est déjà l’instigateur de la « Tour Paris 13 », une tour parisienne vouée à la démolition et investie par les street artists avant sa disparition. Une mise en scène de la destruction, caractère même du street art, qui fut un succès planétaire. Mais Mehdi Ben Cheikh en voulait plus.

Add Fuel | @galerie Itinerrance

« Après la tour Paris 13, j’ai été contacté par plusieurs bailleurs de différentes régions de France qui m’ont proposé de réitérer l’expérience dans d’autres bâtiments voués à la destruction » mais « refaire la même chose ailleurs n’avait à mes yeux aucun sens ». Cette fois, et c’est l’histoire que raconte le livre, il s’agit de la création d’un musée à ciel ouvert, incarnation du mouvement mondial du street art. Djerbahood a vocation à durer, il a donc fallu le penser dans la durée, selon une muséographie et une scénographie adaptées, détaillées dans la préface.   

Mais d’abord, c’est le lieu qu’il a fallu trouver. « Ayant vécu autant en Tunisie qu’en France, il m’est apparu comme une évidence que je devais traverser la Méditerranée pour aller mener cette aventure. » Dans sa préface Mehdi Ben Cheikh raconte que rien n’aurait pu se faire sans l’ambassadeur de Tunisie à Paris, Adel Fekih. « C’est le genre de personnage qu’on évitait de côtoyer avant la révolution tunisienne », écrit-il. 

Pantonio et Tinho | Galerie Itinerrance

Après une rencontre à la « Tour Paris 13 », le galeriste raconte son idée tunisienne à l’ambassadeur qui, enchanté par le projet, facilitera toutes les démarches, administratives notamment. Le village d’Erridah, sa lumière à couper le souffle, son architecture traditionnelle, au confluent des cultures musulmanes, juives et chrétiennes étaient un écrin parfait pour accueillir ces artistes du monde entier.

Un expérience multisupports

Ils ont aujourd’hui quitté les lieux, mais leur œuvre perdure. En ligne notamment. Comme pour la « Tour Paris 13 », le projet multiplie les supports et suscite à chaque fois une nouvelle expérience artistique et interactive pour le visiteur, virtuel ou réel. Djerbahood avait fait l’objet d’une mini-série diffusée sur Arte en septembre dernier. Un site Internet lui est également consacré.

Roa | Galerie Itinerrance

La Street View de Google Map offre également une visite numérique du petit village de Djerba, aujourd’hui instantané du street art mondial, élaborée par les photographes qui ont arpenté ses étroites ruelles. Et le 20 mai dernier, c’est un superbe livre objet, richement illustré et informé, qui revient sur ce projet fou. Photos, biographies et intentions des artistes, la forme de ce nouveau projet street art sera sans doute trop conventionnel pour certains. N’empêche, Mehdi Ben Cheikh remporte son pari. Et alors que la Tunisie s’applique à construire un véritable état démocratique après le Printemps arabe, Djerbahood se présente comme une belle réussite culturelle et une formidable ouverture au monde.

El Seed | Galerie Itinerrance

Après le passage des participants, Erridah est aujourd’hui un incontournable de l’île de Djerba, « un spot à touristes », regretteront certains. Numéro 1 sur les 35 choses à voir sur l’île selon Tripadvisor, on peut lire ce type de message sur le site : « Magnifique promenade (gratuite !) au coeur d’un village typique de Djerba. Les graffeurs ont su conserver l’ âme du village et découvrir toutes les œuvres s’apparente à une chasse au trésor dans un décor fabuleux. Pensez à imprimer la carte téléchargeable sur le site. Moment magique pour petits et grands ». Mais Djerbahood, c’est d’abord une expérience innovante, un musée inédit, tout autant qu’un rayonnement touristique bienvenu dans la Tunisie post-révolutionnaire.

> Djerbahood, Mehdi Ben Cheikh, Editions Albin Michel, mai 2015, 49 euros