L’héroïne de Tata, Agnès, une réalisatrice de film abîmée par une séparation douloureuse d’avec un acteur connu, reçoit un coup de fil de la gendarmerie de Gueugnon, en Bourgogne : sa tante Colette vient de mourir. Pourtant, Colette repose déjà au cimetière, et ce depuis trois ans ! Résolue à résoudre cette énigme, Agnès va se confronter à son histoire familiale qui est de celles qui se mêlent à la grande Histoire, et aller de surprise en surprise.
Une intimité très forte avec les personnages
C’est une vraie histoire à tiroirs que celle-ci. Colette, cordonnière célibataire de Gueugnon à l’existence en apparence paisible, a en réalité eu un sacré destin. À travers son histoire s’emboîtent celles d’une multiplicité de personnages auquel on s’attache particulièrement. Car la « re-mort » de Colette, c’est le prétexte pour aborder les débuts de vie. Son enfance, et celle de son frère Jean, celle de son amie Blanche, fille de circassien, et celle de Lyèce, un ami d’enfance d’Agnès retrouvé à Gueugnon. Gueugnon, clin d’œil de Valérie Perrin a sa propre enfance : c’est la ville où elle a grandi.
Des histoires d’abandon et de liens, ceux que l’on choisit et ceux que l’on subit. Les histoires de Perrin, ce sont des films. Les personnages sont si vivants qu’on peut presque les voir, les sentir, entendre leurs voix résonner. Ils finissent par habiter le lecteur comme des compagnons de voyage.
Une impressionnante maîtrise du roman
Qu’on se le dise, Valérie Perrin est une conteuse hors-pair. Dotée d’une inventivité et d’une maîtrise impressionnantes. Il faut saluer cette aptitude à construire des romans aussi bourrés de péripéties – et qui pourtant tiennent la route, et pas qu’un peu. Si la littérature doit être un moment d’évasion, je conseille de lire Tata.
> Tata de Valérie Perrin, 640 pages, Albin Michel, 2024