TVA à 7%, coup dur pour les libraires

TVA à 7%, coup dur pour les libraires

TVA à 7%, coup dur pour les libraires

TVA à 7%, coup dur pour les libraires

16 avril 2012

Depuis le 1er avril, la TVA sur le prix des livres est passée de 5,5% à 7%. Citazine s'est rendu dans trois librairies parisiennes indépendantes pour recueillir les témoignages des libraires, quelques jours après ce changement. Tous soulignent un nouveau coup dur, dans un secteur déjà violemment frappé par la crise et qui peine à rester compétitif.

Nous avions déjà rencontré Emmanuel Delhomme en août dernier pour la sortie de son livre Un libraire en colère. Il est encore en colère quand nous le retrouvons, la semaine dernière. Emmanuel Delhomme, propriétaire de la librairie Livre Sterling au rond-point des Champs Elysées, hausse le ton lors d’une conversation téléphonique musclée avec une maison d’édition à qui il doit de l’argent. Mais les difficultés sont telles, que payer ses factures est devenu compliqué.

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Un nouveau coup dur pour les libraires

Alors pour lui, la hausse de la TVA, décidé lors du plan de rigueur de novembre 2011, est un nouveau coup porté aux libraires.

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Nathalie Lacroix tient la librairie le Comptoir des mots, dans le XXe arrondissement. Comment a-t-elle réagi lorsqu’elle a appris la hausse de la TVA ?

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Pour Walter Paluch, de la librairie gay Les mots à la bouche, située en plein cœur du Marais, les conséquences ne sont pas encore visibles. Deux semaines après la hausse de la TVA, initialement prévue pour janvier puis repoussée à avril pour donner aux libraires le temps de s’organiser, il ne remarque pas encore de changements d’attitude de la part des clients. Pour lui, il faudra attendre encore quelques semaines pour constater les effets de la hausse de la TVA.

De son point de vue, le gros point noir de la mesure réside dans le changement concret des prix. Manipuler les livres, les réétiqueter, un travail de titan qui les a laissés, lui est ses salariés, sur les rotules.

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A tel point qu’il craint une victoire de François Hollande, qui s’est déclaré favorable à un retour de la TVA à 5,5%. Non, il ne serait pas soulagé en cas de nouveau changement de prix. Cela représente trop de travail supplémentaire.

Nathalie Lacroix souligne par ailleurs que cette hausse de la TVA a été en partie amortie par certains éditeurs. 

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Une crise profonde qui dure

Si plus tôt dans la matinée, c’est contre une maison d’édition qu’Emmanuel Delhomme avait haussé la voix, il reconnaît qu’elles aussi sont frappées par la crise. Les libraires vendent moins de livres et les éditeurs trinquent aussi.

Alors que se passe-t-il ? Pourquoi n’achète-t-on plus de livres ? A-t-on perdu le goût de la lecture ? Clairement, selon Emmanuel Delhomme. Pour lui, relancer la lecture est un vrai choix de société, parce que le livre « peut rendre l’homme meilleur ».

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Relancer la lecture et quoi d’autre ? Walter Paluch note une baisse de son chiffre d’affaire depuis deux ans et la tendance ne semble pas vouloir s’inverser. Qui est responsable ? Il cite en vrac Internet, Amazone, le livre numérique, la Fnac… Mais dénonce également des prix trop élevés en France.

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Sa libraire est estampillée "librairie gay et lesbienne". A tort, nous pensions que le fait d’être spécialisée pouvait aider la librairie L’eau à la bouche à tirer son épingle du jeu.

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Pour Nathalie Lacroix, sont également en cause les faibles marges que les libraires s’octroient sur les livres. Des marges de manœuvres restreintes, qui, en temps de crise, ne permettent pas de gérer son activité sans la peur du lendemain.

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Une commission pour sauver les libraires

Mais le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand s’est mis en tête de sauver les libraires. Il a créé une commission qui a rendu son rapport le 13 mars dernier. Les libraires Matthieu de Montchalin et Colette Kerber, l’éditrice Teresa Cremisi, l’écrivain Alexandre Jardin, l’inspecteur général des finances Bruno Parent et Marc Sanson, conseillé d’Etat se sont réunis pour trouver des solutions. Qu’en attend Nathalie Lacroix ?

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Pour Walter Paluch, cette commission est une supercherie.

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Quant à Emmanuel Delhomme, il annonce une hécatombe qu’une mesurette ne pourra empêcher.

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Qu’attendre de l’élection présidentielle ?

Si Walter Paluch, pas tout à fait remis du réétiquetage des livres, n’attend rien de l’élection présidentielle et n’est pour l’instant pas prêt à envisager tout de suite un nouveau changement de prix, Nathalie Lacroix, constate que certains candidats semblent beaucoup plus impliqués dans la crise du livre que le gouvernement actuel.

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Et le libraire du Rond-Point des Champs Elysées espère quant à lui des lendemains qui chantent.

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Les libraires sont inquiets. Le chiffre d’affaire baisse depuis plusieurs années. Mais la crise n’est sans doute pas seule responsable. Internet, le livre numérique, l’écran contre le papier. Les deux peuvent-ils cohabiter en bonne intelligence. Emmanuel Delhomme est très inquiet pour l’avenir.

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Et pour Nathalie Delacroix, les libraires peuvent s’en sortir, mais pas sans se battre.

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