Dans les années 1950, en pleine guerre de Corée, Jacob Hampton, jeune soldat sur la ligne de front, pense avec ferveur à Naomi Clarke, sa toute jeune épouse. Une nuit, il est grièvement blessé. En attendant son retour, les parents de Jacob orchestrent une terrible machination pour éloigner Naomi de leur fils. Un choix cruel dicté par des intérêts personnels, qui pousse un amour filial jusqu’à son point de non-retour.
Ironie de l’histoire, personne ne meurt dans Une tombe pour deux, n’en déplaise à la traduction française du titre original, The Caretaker. Pourtant la violence est là, sourde, redoutable. Tout comme l’amour, aussi salvateur que destructeur. The Caretaker, c’est Blackburn, gardien de cimetière défiguré par la polio, et ami indéfectible de Jacob et Naomi. Blackburn, que la vie n’a pas gâté, que l’amour a ignoré, que seule la solitude embrasse, arrivera-t-il à se dresser contre ce complot qui le dépasse ?
Amour et deuil, deuil de l’amour
« C’était peut-être ça le plus triste dans la vie, qu’on soit incapable de comprendre, réellement, ce que quelque chose avait de bon pendant qu’on était dedans. »
Cette phrase, à l’apparence simple, résume à elle seule toute la subtilité de l’écriture de Ron Rash : une émotion brute, sans fioritures, une plume sobre qui claque sèchement et fait monter l’angoisse du lecteur, qui ne peut que craindre le pire.
Avec Une tombe pour deux, c’est dans cette contrée de Caroline du Nord, entre rivière et montagnes, que Ron Rash continue d’explorer les thèmes qui lui sont chers : l’attachement à la terre, les dilemmes moraux, la mémoire des êtres aimés. Une tombe pour deux est un grand roman noir, mais avant tout une histoire d’amour et de deuil, racontée avec une finesse hors pair.