Le CD, plastique et artistique

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Le CD, plastique et artistique

Le CD, plastique et artistique

12 août 2011

Une œuvre monumentale composée de 60 000 CD a été installée au CENTQUATRE, à Paris, permettant au visiteur de déambuler au milieu de dunes artificielles. Derrière cette exposition d'art contemporain, la volonté de sensibiliser au recyclage du CD, objet mourant qui se voit offrir une deuxième vie.
Diaporama Le CD, plastique et artistique - | Photo Sophie Guillemin
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60 000 CD tissés sur des nappes, six dômes gonflables, une œuvre de 500 m² au total. Une installation atypique et imposante a investi, depuis le mois de juillet, la Halle Aubervilliers du CENTQUATRE, lieu culturel parisien restauré en 2008. A l’origine de ce paysage artificiel vallonné, Elise Morin, 33 ans, et Clémence Eliard, 35 ans. L’une est scénographe, l’autre est architecte. Deux univers, une même envie, une œuvre commune. Après avoir conçu Nuage cinétique pour la Nuit blanche en 2009, le duo s’est à nouveau retrouvé pour imaginer et concevoir Waste Landscape. Après les rubans adhésifs assemblés et suspendus il y a deux ans, des CD par milliers en 2011. Pourquoi cet objet en plastique de 16 grammes, plat et circulaire, a-t-il suscité un tel intérêt ? « Pour ses qualités plastiques et parce que c’est un objet du quotidien. Nous étions dans l’idée d’art minimal, explique Clémence. Après la Nuit blanche, nous étions un peu frustrée parce que notre installation a été éphémère. Nous voulions un matériau qui nous permette de faire un projet plus global avec lequel chaque étape aurait la même importance. L’installation en elle-même n’est pas un but en soit. La finalité, ce sera le recyclage. »

Tout démarre véritablement avec l’accord d’Universal qui leur permet d’utiliser son stock de CD invendus et/ou défectueux[fn]Seule obligation pour les jeunes femmes : les rendre, à terme, à la major pour qu’elle procède à la destruction de ces CD, étape indispensable pour percevoir l’argent de la Sacem.[/fn]. Pendant de longs mois, le quotidien de Clémence et Elise se résume à collecter, trier, percer et tisser. Dans l’atelier qui leur est réservé au CENTQUATRE, les petites mains s’activent. Assemblage après assemblage, les 740 plaques d’un m² de CD tissés sont réunies par Velcro pour aboutir à de gigantesques bandes. « Un vrai projet de collage », souligne Elise. Les jeunes femmes foncent tête baissée, motivées, parfois inquiètes, sans savoir réellement si leur installation va tenir le choc au gonflage de la structure. Etape cruciale. Les CD pourraient se casser, ne pas supporter la déformation des nappes… Le 20 juillet, veille du vernissage, c’est le grand jour. Tout le monde retient son souffle. « Ca pouvait casser à tout moment. Mais on le sentait bien », se souvient Elise. Les milliers de CD forment désormais une cuirasse d’écailles. Les dunes prennent forme. Pari réussi.

Du CD au CD, un recyclage… à l’infini

Waste Landscape – Paysage manufacturé – sous ses allures d’œuvre s’inscrivant dans l’art contemporain, cache en réalité un autre aspect. Au-delà de la plasticité du CD. « Au fil du temps et de nos recherches, nous nous sommes rendu compte que l’on pouvait aborder d’autres thèmes à travers le CD, notamment son recyclage », précise Clémence. Il n’y a en effet pas de filière de recyclage du CD en France. Or, le compact disc est fabriqué à partir de polycarbonate, du pétrole. « C’est une matière première secondaire, c’est-à-dire qu’elle est recyclable en CD à l’infini, et recyclable une fois en une autre matière plastique. Incinérer des CD ou les jeter à la poubelle, c’est un énorme gâchis ! », insiste Clémence.

Elise Morin et Clémence Eliard

C’est décidé, un bac de récupération sera installé près de l’œuvre pour permettre aux passants et visiteurs de déposer leurs CD. Waste Landscape, c’est regarder, imaginer et sensibiliser. Une démarche engagée ? « Parler des problématiques environnementales, ce n’est pas être militante écolo, cela concerne tout le monde. Dans cette œuvre, il y a du sens et cela raconte quelque chose de précis. Personnellement, je tiens à ce qu’il y ait toujours plusieurs niveaux de lecture dans l’abord d’une œuvre. Si l’impact est purement esthétique, ce n’est pas satisfaisant, coupe court Elise. Le rôle de l’installation, c’est aussi de témoigner de son temps, apporter une vision critique, pas forcément négative. Lancer des débats, sortir de la sphère de l’art contemporain aussi pour qu’il s’ancre dans la réalité sociale et économique. Et non faire une œuvre qui concernerait uniquement une élite. Moi, pour l’instant, je suis dans un jeu entre l’art, la réalité, l’envie d’une lecture grand public. »

L’œuvre n’a pas été conçue pour culpabiliser ni le consommateur ni les sous-traitants des majors qui procèdent au « recyclage » des CD – un recyclage réalisé à l’étranger donc parfois polluant lui-même pour des raisons de transport. L’idée d’Elise et Clémence : proposer une autre solution pour ces CD, une fois la mort inévitable. Une renaissance indolore pour la planète en quelque sorte. Dans quelques mois – quelques années ? – l’installation sera recyclée. En France ! Avec une usine niçoise qui utilise un nouveau procédé en « démétallisant » les supports en polycarbonate, mécaniquement, sans acide, sans solution chimique. « Une vraie filière de recyclage, lance Elise. Nous sommes fières de travailler avec ce petit Gaulois qui résiste ! »

Une œuvre qui se prête à l’itinérance

Sous la verrière du CENTQUATRE, la lumière naturelle fait son effet sur les CD de l’œuvre. Soleil ou nuage, l’installation n’est plus la même. Couleurs et textures semblent évoluer selon les reflets. Le CENTQUATRE, un établissement artistique idéal pour cette réalisation singulière et monumentale. Situé dans le XIXe arrondissement de Paris, populaire, « le lieu répond à quelque chose qui nous tenait à cœur : que l’on puisse tomber sur l’exposition par hasard, explique Elise. C’est un lieu passant, un passage traversant. Lors de l’installation, de nombreuses personnes, des habitants du quartier, sont venues nous aider spontanément. Ils passaient, voyaient qu’on avait besoin d’aide. Certains sont restés bénévolement trois ou quatre jours. C’est une vraie vie de quartier et ça, c’est génial ! Ce qui n’est pas le cas dans les centres d’art plus institutionnels, plus centraux, trop touristiques ou trop snobs. Cela réconcilie vraiment avec l’idée que l’art n’est pas forcément élitiste. »

Photo Sophie Guillemin

Si l’œuvre est née dans un atelier parisien entre les rues d’Aubervilliers et Curial, l’objectif est bien de la voir grandir, se développer et même se transformer dans d’autres villes. Elise et Clémence pensent notamment aux Biennales de Lyon et Lille, mais aussi à Marseille ou Nantes. Cela suppose des aides, des subventions publiques. « On aimerait faire tourner l’exposition en France. Mais le montage et démontage de l’installation – quatre jours au total – nécessitent une dizaine de personnes. Nous avons fonctionné bénévolement et avec des amis jusqu’à maintenant. Pour la suite, il nous faudrait des aides financières. On ne peut pas porter seules ce projet ». A l’étranger, un lieu d’exposition de Brooklyn et la Biennale de Dakar ont déjà fait savoir qu’ils étaient intéressés. Là encore, l’argent fait défaut, les coûts de transport étant très lourds.

Waste Landscape se prête pourtant facilement au voyage. Gonflable et détachable, elle a presque été conçue pour cela. « On peut la moduler comme on veut. Changer la forme du paysage, s’enthousiasme Clémence. On pourrait imaginer un grand îlot au lieu des deux actuels. Les typologies peuvent également évoluer en fonction du lieu qui nous accueille. Et surtout, la nappe va changer d’aspect au fil du temps ! » Petit à petit, les CD collectés seront substitués à ceux d’origine, les invendus d’Universal. Une texture différente, une couleur ravivée et une peau neuve. Waste Landscape, des CD décédés, une œuvre vivante.

> Waste Landscape, exposé jusqu’au 11 septembre 2011 dans la Halle Aubervilliers, au CENTQUATRE (fermeture estivale jusqu’au 22 août).